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Music Pop

Billianne nous embarque dans Modes of Transportation

Billianne nous embarque dans Modes of Transportation
  • Publishedaoût 25, 2025

Casque sur les tempes, je sens d’abord un vent se lever : pas un ouragan, une translation. Billianne ne “sort” pas un album ; elle change de forme sous nos yeux. Modes of Transportation ressemble à une carte des trajets intérieurs — comment on quitte une version de soi, comment on monte dans l’autre sans valise, juste avec la voix pour boussole. Cette voix-là, ample et précise, n’écrase jamais : elle soulève. Elle a la douceur d’un aveu et l’autorité d’une ligne claire, ce mélange rare qui rend les mélodies évidentes sans les banaliser.

L’architecture est discrètement ambitieuse. Production pop artisanale — peu d’effets voyants, beaucoup d’air — où chaque instrument sert le récit : pianos qui s’ouvrent comme des fenêtres, guitares qui filent en néons, percussions au grain doux, chœurs placés au millimètre pour épaissir l’ombre sans dévorer la lumière. On devine un trio d’atelier (Billianne, Nick Ferraro, Duncan Hood) qui a refusé la tentation du vernis glacé au profit de la dynamique, des respirations, du grain laissé intact. Le disque tient dans ces zones-là : l’entre-deux, la décantation, les glissements.

Piste par piste, le voyage dessine ses coordonnées. Modes I est un prologue qui règle la pression — courte, essentielle. Jessie’s Comet capte le ciel avec une pudeur sidérale ; morceau-phare, mais lampe de poche avant tout : on y voit juste assez pour avancer. Baby Blue a la couleur d’un matin sans verdict, Cassiopeia s’enroule autour d’un motif qui scintille sans tapage. Future Emma ose la projection — ce que la pop raconte rarement : l’après, au conditionnel. Crush réhabilite l’élan spontané, droit au but, solaire sans naïveté. Wishlist liste ce qu’on n’ose pas demander, Memories fait l’inventaire de ce qui reste quand les silhouettes sortent du cadre. Let Me Run ouvre la porte — pas une fuite, une permission. Modes II referme le carnet sans le verrouiller : fin ouverte, moteur encore tiède.

Techniquement, c’est un petit cours de lisibilité émotionnelle. Médiums choyés (là où vivent les voix), aigu poli (zéro fatigue), bas du spectre tenu (ça respire). Les refrains ne hurlent pas pour exister, ils s’élargissent. Les ponts éviteront la grandiloquence : micro-modulations, changements d’altitude plus que de décor. Et, surtout, ce timbre qui refuse la surenchère : au lieu d’en faire trop, Billianne fait juste — et c’est précisément ça qui serre.

On comprend pourquoi on parle de “grande voix” : pas parce qu’elle impressionne, mais parce qu’elle s’adresse. Modes of Transportation ne court pas après un tube, il fabrique une cohérence. C’est un disque qui se prête au casque comme à la scène, aux trajets en bus comme aux salles feutrées, un disque-nomade qui coche enfin la case la plus rare en pop contemporaine : la confiance.

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Written By
Extravafrench

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