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Music Pop

Lydia Fairhall est déjà en mode hivernal avec Winter Came

Lydia Fairhall est déjà en mode hivernal avec Winter Came
  • Publishedaoût 25, 2025

Tout commence par un filet d’air qui traverse le bois d’une guitare : pas de vernis, pas d’armure, juste ce grain lo-fi qui crépite comme un feu de branches fines. Puis le violoncelle arrive, long, patient, une ligne qui avance sans bruit à travers la neige. Winter Came n’a pas besoin d’architecture spectaculaire : la Worimi songwriter sculpte l’espace avec trois gestes et laisse la gravité faire le reste. Minimaliste, oui, mais jamais maigre ; chaque silence a un poids, chaque attaque de corde une direction.

On entend la vie récente au cœur du timbre : ville quittée, brousse retrouvée, appel spirituel qui déplace les plaques. Ce n’est pas un storytelling plaqué sur la musique, c’est un souffle qui la traverse. La voix tient le centre bas, proche du micro, refusant l’emphase comme on refuse le pathos facile. La production de Samuel Pankhurst privilégie la matière organique : guitare en avant, souffle conservé, cello en contre-champ qui respire comme une bête aux abords du campement. Au mix, Jake Miller (Björk) polit les hautes fréquences sans blanchir la neige, et laisse aux médiums ce halo qui rend la présence tangible. Le mastering d’Alex Wharton chez Abbey Road n’épaissit rien : dynamique préservée, ampleur tenue, étoffe juste.

Ce morceau est un seuil : la vraie réussite tient à ce moment où la métaphore saisonnière cesse d’en être une. Le gel devient langage — lenteur, retrait, lucidité — puis quelque chose dégèle sans triomphe ni trompette. Le violoncelle ouvre une fente de lumière, la guitare reprend, le cœur se réaccorderait presque de lui-même. Indie folk, oui, mais traversé de sacré au sens précis du terme : cette façon de tenir l’attention sans décor, de faire d’un motif simple un espace de soin.

On pourrait parler d’ADN austral, de Worimi country, de prière basse tension ; on préfère noter cette technique discrète qui fait tout : placements d’air autour de la voix, réverb courte comme une pièce en bois, attaques contrôlées pour éviter l’huile sur la neige, économie d’ornements qui force l’écoute à se rapprocher. Winter Came ne vient pas conquérir, il vient veiller. Il rappelle que la folk sait encore faire ce que tant d’albums oublient : tenir la main, pas le micro. Et quand la dernière note se retire, on reste au seuil, immobile, avec l’impression d’avoir entendu quelqu’un remettre sa maison intérieure en ordre — et de savoir un peu mieux comment rentrer chez soi.

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Written By
Extravafrench

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