Pas de politesse, pas de préchauffe : la guitare entre comme un bélier rouillé, un loop de fureur qui sent le garage, l’ongle cassé et l’adrénaline. WhiteBoyWa$ted n’est pas un single, c’est un court-métrage tourné au fisheye dans une cuisine à 3 h du mat, canettes au sol, strobos mentaux dans la tête. BruceBAn$hee fait tout, signe tout, cogne tout : riff distordu en arêtes vives, batterie qui shoote l’instant, voix au grain râpeux qui crache sa mythologie perso. On entend Ozzy dans le goût de l’excès, Nirvana dans la crasse mélodique, Mac Miller dans l’insolence mélancolique – mais le mix, sec et frontal, garde la trajectoire d’un projectile DIY qui refuse l’embellissement.
Le morceau se construit comme une montée de sève : intro à la corde, couplets débités en giclées, charley qui découpe la mesure, break étouffé où tout se resserre avant la relance qui arrache le plancher. La basse tient le ventre, les guitares dessinent un halo abrasif ; côté voix, doubles parcimonieuses, saturation juste assez sale pour hérisser le poil sans noyer le message. Le master laisse respirer le bas – on sent la pièce, la table qui vibre, le câble qui craque – et c’est précisément ce grain d’imperfection qui transforme la vignette en slogan corporel.
Ce qui frappe, c’est la dramaturgie de l’instant : le thème “nuit blanche / tête brûlée” souvent galvaudé retrouve ici sa vérité physique. Pas de line-up de luxe, pas de storytelling en kit : un home studio, une vision, un contrôle total. WhiteBoyWa$ted capture l’électricité statique entre rap et punk, cette zone où la rime devient riff et où le riff rappe malgré lui. On y lit une esthétique de l’urgence : breaks courts, transitions gifle, détails qui font la diff (un micro hurlement noyé en fond, un coup de tom décalé, un mute sec qui crée le vide juste avant l’impact).
Sur scène, on imagine déjà les murs qui transpirent : hook scandable, BPM qui cavale, espace pour le crowdsurf mental. Mais même à froid, casque vissé, le titre tient parce qu’il comprend la grammaire moderne du chaos : densité sans bouillie, agressivité qui groove, immédiateté qui sait s’arrêter avant l’overkill. BruceBAn$hee ne fabrique pas un personnage, il livre un protocole d’ignition. WhiteBoyWa$ted, c’est ce moment où l’on casse ses propres barrières de vitesse et où tout, d’un coup, devient phrase. Et tant pis pour le lendemain.
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