Il y a des chansons qui ne s’écoutent pas comme un divertissement mais comme un miroir, parfois cruel, parfois lumineux. Dopamine de Jordan Corey appartient à cette famille rare : un morceau qui dissèque avec élégance le vertige d’aimer ce qui nous détruit. L’artiste californienne, déjà connue pour sa plume viscérale et ses textures néo-soul soyeuses, s’aventure ici dans une confession brute, comme un journal intime chanté à voix haute.
La force de Dopamine, c’est sa lucidité. Jordan Corey n’enrobe rien : elle raconte cette attraction malsaine pour les situations qui n’apportent rien de bon, mais dont le court frisson — cette décharge chimique dans le cerveau — devient irrésistible. Sa voix, à la fois sensuelle et éraillée, porte cette contradiction. Elle séduit autant qu’elle alerte. Les arrangements, minimalistes mais ciselés, empruntent autant au R&B alternatif qu’à l’esthétique indie, avec une production qui respire l’air du soir : basse souple, nappes chaudes, quelques percussions retenues, comme si la musique elle-même hésitait à céder à l’excès.
On sent dans ce morceau une énergie paradoxale, à la fois douce et rageuse. C’est le chant d’une femme qui reconnaît son erreur, mais qui n’a pas peur de dire qu’elle l’a aimée. Un aveu addictif, où le plaisir et la douleur deviennent indissociables, où la lucidité arrive trop tard mais avec la grâce d’une évidence.
Dopamine n’est pas qu’une chanson : c’est une plongée dans la spirale humaine la plus banale et la plus tragique, celle de recommencer ce que l’on sait toxique. Mais Jordan Corey la transforme en œuvre d’art, en groove sensuel qui se danse autant qu’il se rumine. On en sort troublé, un peu honteux, mais terriblement vivant.
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