Il y a des morceaux qui se contentent de remplir l’air, et puis il y a ceux qui redessinent l’espace autour de vous. Lonely d’iRO appartient à cette seconde catégorie : une ballade soul qui ne se vit pas comme une écoute mais comme une immersion dans une pièce nue, éclairée par une lumière trop blanche, où chaque note se cogne aux murs et revient chargée d’échos.
Derrière ce pseudonyme sobre, Ori Rakib se déleste de ses rôles passés — plume discrète derrière Macklemore ou Alok — pour assumer une mise à nu presque brutale. Pas de fioritures, pas d’artifice : un piano qui pulse comme un cœur fragile, des cordes qui gonflent et se rétractent comme des respirations haletantes, et une voix qui tremble à la limite de la rupture. Ce n’est pas tant un chant qu’une déchirure prolongée, une tentative d’apprivoiser le vide laissé par quelqu’un.
Là où beaucoup auraient choisi le cri, iRO préfère le murmure amplifié, le détail sublimé. On pense à certains climax de Jeff Buckley, à la tendresse grave de James Blake, à ces artistes capables de transformer la mélancolie en matière sonore presque palpable. Lonely est l’un de ces morceaux qui ne cherchent pas à consoler, mais à donner une forme au chagrin, comme pour dire : voilà, c’est ça que ça fait.
Pièce maîtresse de son premier album White Roses, ce titre fonctionne comme une clef de voûte : il tient l’ensemble par sa fragilité même, en exposant la faille comme un centre de gravité. Dans un paysage musical saturé de productions interchangeables, Lonely ose la simplicité et la profondeur. Une chanson qui ne flatte pas l’oreille mais qui serre la poitrine, et qui, paradoxalement, parvient à offrir une étrange force à ceux qui acceptent d’y plonger.
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