Pépite du jour, et gros coup de cœur même. Il y a dans Ma beauté quelque chose de rare, presque anachronique dans une époque où le rap et le RnB courent souvent après l’effet immédiat : ici, l’émotion prend son temps. Le morceau s’installe avec une douceur trompeuse, comme une confidence glissée à voix basse, mais derrière cette apparente simplicité se cache une tension — celle d’un homme qui, après avoir traversé la mélancolie (Toxic) et les exaltations charnelles (Baby Boy, Besos), trouve enfin les mots justes pour célébrer sans détour ce qui le touche profondément.
Ce qui rend le morceau unique, c’est sa pudeur. Le beat est volontairement minimaliste, avec une rythmique RnB chaloupée et des notes de piano enveloppantes qui laissent la voix respirer. Pas d’artifice, pas de surenchère : DVSN choisit l’économie pour mieux mettre en avant ce qu’il dit. Le refrain, d’une limpidité désarmante, agit comme une incantation amoureuse. Et c’est précisément dans cette simplicité qu’il touche droit au cœur : à rebours des codes virilistes encore trop présents dans le rap français, il offre une déclaration où l’ego s’efface devant l’autre.
Mais Ma beauté n’est pas forcément qu’une déclaration d’amour à proprement dit. C’est aussi une étape dans l’itinéraire artistique de DVSN. Après avoir exploré différentes facettes de son identité sonore comme le reggaeton solaire avec Paquita, l’afro-dancehall entraînant avec Baby Boy, ou encore l’introspection sombre avec Toxic; il livre ici une pièce fondatrice, presque manifeste : dire que la beauté peut être moteur, que l’attachement n’est pas une faiblesse mais une force créatrice. Plus encore, DSVN prouve que ce n’est pas toujours le stéréotype de l’homme rappeur qui fait capoter la relation avec une femme et qu’il peut lui-même souffrir de cette relation. Les 15 000 écoutes en quatre jours ne sont pas qu’un chiffre, elles sont le signe que le public a perçu cette sincérité et s’y reconnaît.
Il faut aussi replacer Ma beauté dans une filiation. La culture hip-hop française a donné des classiques de l’amour désarmé — on pense à certains morceaux de La Fouine ou même aux instants de fragilité de Booba — mais rarement avec une telle transparence émotionnelle. DVSN n’imite pas, il prolonge cette veine à sa manière, avec sa voix légèrement voilée, ses intonations qui oscillent entre confidence et ferveur.
Au fond, Ma beauté n’est pas seulement une chanson dédiée à une femme aimée, mais une profession de foi. Celle d’un artiste qui veut rappeler que le rap, dans sa force narrative, peut aussi être un lieu de tendresse et de reconnaissance. Une tendresse brute, dépouillée, qui, loin d’affaiblir, rend plus fort. Et c’est ce paradoxe-là qui donne au titre sa puissance : une ballade amoureuse qui sonne comme un acte de résistance.
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