Certains rappeurs alignent des rimes pour briller. Louis Davis, Jr., lui, les dépose comme des couches successives de rêves, de blessures et d’intuitions. SUBCONSCIOUS n’est pas un simple morceau de boom-bap conscient, c’est une plongée intérieure où les breaks poussiéreux et les kicks secs deviennent le divan d’une séance de psychanalyse urbaine.
Dès les premières mesures, on sent la filiation avec les classiques des années 90 : boucles de piano usées comme des souvenirs, beat carré mais vivant, grain rugueux qui rappelle la cassette plus que le streaming. Pourtant, l’intention est ailleurs. Louis Davis, Jr. ne cherche pas à ressusciter une époque, il utilise cette matière brute comme vecteur de vérité, comme si le boom-bap était le seul langage honnête pour traduire les flux de pensée qui s’agitent sous la surface.
Ce qui frappe, c’est la manière dont il navigue entre le concret et l’abstrait. Il parle de rues, de luttes, de mémoire collective, mais toujours avec cette encre invisible du “je” intime, celui qu’on cache, celui qu’on tait. SUBCONSCIOUS fonctionne presque comme un palimpseste : une écriture qui révèle ce que l’esprit filtre d’habitude. Le flow est posé, jamais pressé, comme si chaque mot devait respirer, se déposer au fond du crâne de l’auditeur avant de laisser place au suivant.
Dans un paysage saturé de trap clinquante et d’ego-trips interchangeables, Louis Davis, Jr. joue à contre-courant. Son morceau n’essaie pas de séduire immédiatement, il s’installe lentement, laisse ses ombres s’épaissir, et finit par nous faire comprendre que ce voyage n’est pas dans la ville, mais dans la tête. SUBCONSCIOUS n’est pas un hymne, c’est un miroir — et ce qu’on y voit dépend de ce qu’on ose affronter en soi-même.
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