On imagine un ciel chargé, noir d’électricité, juste avant l’éclatement de la pluie. Cumulonimbus, premier single du nouvel album de Pisgah, naît dans cette tension-là : l’attente, le vertige, la beauté menaçante. Brittney Jenkins, qui signe ici sous son alias londonien, réussit à transformer le langage météorologique en métaphore de ses propres failles — entre les ombres du passé et le désir d’une euphorie fragile.
Les guitares électriques scintillent comme des éclairs, aériennes mais saturées d’émotion. Elles ouvrent un espace où se glisse une voix claire, presque vulnérable, qui parle de blessures héréditaires et de fissures intérieures. Pas de pathos appuyé : Pisgah chante le trauma avec pudeur, préférant la suggestion poétique aux aveux crus. Le morceau se construit comme une montée atmosphérique, chaque couche instrumentale ajoutant du volume à l’orage. Quand la batterie s’élance, c’est comme si la tempête éclatait enfin — cathartique, mais jamais écrasante.
Le travail de Dan Duszynski au mixage accentue cette dualité entre fragilité et intensité. On y sent autant les racines alt-country de Brittney Jenkins que les héritages plus sombres d’Emma Ruth Rundle ou de The Cure. Mais là où ses influences pourraient tirer vers le gothique, Pisgah choisit un horizon plus lumineux : Cumulonimbus n’est pas une lamentation, c’est une libération, presque un hymne.
Ce single annonce l’arrivée de Faultlines, prévu pour novembre. Et si l’on se fie à cette première pièce, l’album devrait creuser encore davantage ce territoire rare où le rock indépendant se fait à la fois intimiste et grandiose, confession et exorcisme.
Avec Cumulonimbus, Pisgah prouve que les tempêtes ne sont pas seulement destructrices : elles peuvent aussi révéler une beauté suspendue, une clarté nouvelle après le chaos. Un premier extrait qui donne envie de se laisser traverser par l’orage.
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