Turn All The Lights On donne d’abord l’impression d’un morceau pensé pour embraser la radio, mais au fil des écoutes, on comprend que Morrison a glissé bien plus qu’un simple tube dans sa partition. On y trouve une urgence presque adolescente, une manière de jouer comme si chaque accord pouvait sauver la peau. La guitare n’est pas là en décoration, elle avance comme un fauve dompté, tranchante, saturée, puis soudain docile quand la mélodie réclame de respirer. Elle gronde sous le vernis pop, prête à exploser à tout instant.
Ce qui fascine, c’est la tension permanente entre l’intime et le spectaculaire. Morrison écrit avec le détail d’un diariste, mais il arrange comme s’il devait remplir un stade. Dans Turn All The Lights On, chaque élément du morceau – la batterie sèche qui propulse, les chœurs en arrière-plan qui ouvrent l’espace, le pont qui se disloque en tempête de guitare – raconte le désir de se libérer de la torpeur. L’électricité circule comme une nécessité biologique, pas comme un artifice de production.
Le clip amplifie ce sentiment d’urgence. On y voit défiler une humanité bigarrée – anciens soldats, drag queens, anonymes lumineux – rassemblée dans une transe lumineuse. Pas de star-system surplombant le reste : Morrison se place au milieu, chef d’orchestre d’une communion où la fête devient manifeste. On est loin des vidéos lisses qui inondent aujourd’hui les réseaux : ici, chaque visage est une revendication, une preuve vivante que la musique peut rallumer ce qu’on croyait éteint.
Turn All The Lights On s’inscrit dans une tradition pop-rock qui ne se cache pas d’aimer les refrains fédérateurs, mais il le fait avec une sincérité désarmante. Il convoque l’héritage des années 90 sans tomber dans le pastiche, retrouve la flamboyance des hymnes power-pop et y ajoute une nervosité contemporaine. C’est à la fois un exorcisme et une célébration.
En refermant le morceau, il reste cette impression étrange : comme si Morrison venait de réussir à transformer un simple geste musical en acte vital. Un morceau qui donne envie de croire, au moins le temps de quatre minutes, que rallumer toutes les lumières du monde est encore possible.
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