On tombe parfois sur une chanson comme on déterre un vieux journal intime oublié sous un plancher. Right To End de Thomas Midfield a ce parfum-là : brut, poussiéreux, mais brûlant de vie. Rien d’un artefact figé — plutôt l’écho d’un cri qui traverse encore les murs.
Né à la fin des années 90 dans la banlieue hollandaise de Purmerend, le groupe avait tout du projet éphémère : une poignée de concerts, quelques enregistrements, puis l’explosion. Pourtant, dans ce court laps de temps, Chris Dieffenbach (chant), Arno et Menno Tijnagel (guitare et batterie), Tjerk de Graas (basse) et plus tard Bart ter Steege ont laissé une empreinte indélébile. Right To End en est la preuve la plus éclatante. C’est du grunge rêche, saturé de poussière et d’orage, où la voix déchirée de Chris flotte entre la rage et l’imploration.
On y entend le poids du stoner, l’héritage des années 90, les ombres de Soundgarden et Kyuss, mais sans calcul ni nostalgie. Le morceau dégage ce magnétisme propre aux groupes qui ne trichent pas, qui enregistrent comme on crache le feu. Les guitares grincent, la basse enroule, la batterie cogne — et tout semble prêt à s’effondrer d’un coup, comme si le groupe jouait en équilibre sur un fil tendu.
Deux décennies plus tard, Thomas Midfield renaît partiellement, Chris et Arno ayant décidé de reprendre les armes. Leur retour n’a rien d’un coup marketing : c’est le prolongement d’une histoire restée suspendue. Écouter Right To End aujourd’hui, c’est mesurer la puissance intacte de ce cri inachevé. Un rappel que certaines braises ne demandent qu’un souffle pour redevenir incendie.
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