La première fois que j’ai écouté deep end, j’ai eu cette sensation étrange de basculer en arrière, comme si quelqu’un m’avait poussé dans l’eau glacée d’une piscine à minuit. Pas de préparation, pas de gilet de sauvetage : juste l’immersion brutale, l’apnée, puis la découverte que sous la surface, on trouve aussi des éclats de lumière. C’est exactement ce que propose Alessiah avec Tobi Ibitoye : une chanson où la noyade amoureuse se transforme en expérience sensorielle, à la fois suffocante et libératrice.
La force du morceau réside dans son économie. La production alt-pop reste minimaliste, mais elle sait se charger au moment opportun de textures trap ou R&B, comme des courants sous-marins qui aspirent puis relâchent. Le beat, discret mais ferme, agit comme une pulsation cardiaque : il guide, il tient, il empêche le corps de se dissoudre. Autour, les synthés flottent, diffus, semblables à des reflets troublés au fond d’une eau nocturne.
Et puis il y a les voix. Alessiah chante avec cette clarté juvénile qui, loin d’alléger le propos, le rend encore plus poignant : c’est la voix de quelqu’un qui tombe mais qui refuse de se laisser engloutir. En face, Tobi Ibitoye vient poser une densité presque tellurique, une gravité qui contrebalance la fragilité d’Alessiah. Ensemble, ils créent un dialogue : pas un duo romantique, mais une confrontation entre deux manières de survivre à la douleur.
Ce qui frappe, c’est la justesse de la métaphore. La noyade n’est pas ici une figure rhétorique facile : elle se traduit musicalement, dans les silences qui s’allongent, les phrases qui se répètent comme des bouffées d’air arrachées à la panique. On ressent physiquement cette oscillation entre le désir de se laisser couler et la volonté désespérée de remonter.
deep end n’est pas un simple single pop, mais un petit théâtre intérieur. C’est une plongée qui ne raconte pas seulement le chagrin, mais la beauté paradoxale d’un moment où l’on se sait brisé et vivant tout à la fois. Un morceau qui refuse la surface, qui choisit l’immersion, et qui finit par révéler que parfois, c’est au fond qu’on apprend le mieux à respirer.
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