Je me souviens de cette impression étrange : comme si Shake That n’était pas un morceau mais une force physique qui me poussait en avant. Pas d’intro qui rassure, pas de décor planté – le kick entre d’un coup, sec, irrémédiable, et me voilà projeté dans une boucle où le corps prend le dessus sur la pensée. Haskell a cette science rare : faire du tech-house non pas une mécanique froide, mais une matière organique qui circule dans les veines.
La construction est d’une précision chirurgicale. Le kick agit comme un cœur artificiel, régulier mais jamais plat. Les hi-hats fusent, incisifs, comme des étincelles dans un moteur lancé à plein régime. Puis surgit ce rebond caractéristique, ce bounce élastique qui fait chavirer les épaules et plier les genoux, sans qu’on sache exactement pourquoi. On croit être maître de ses mouvements, mais c’est Shake That qui dicte la cadence.
Haskell ne cherche pas à séduire par des artifices mélodiques. Tout repose sur le détail rythmique : micro-variations, effets qui apparaissent et disparaissent comme des ombres, respiration subtile entre tension et relâchement. Chaque élément est calculé pour maintenir l’attention dans un état de transe éveillée. C’est minimal dans la forme, maximal dans l’effet. Et cette façon d’évoquer la patte Toolroom des années 2000 tout en la réactualisant, sans nostalgie, est sans doute la plus belle réussite du morceau.
Au fond, ce que Haskell réussit avec Shake That, c’est à réaffirmer le rôle premier de la house : rassembler. On imagine la track résonner dans un warehouse saturé de fumée, ou sur une terrasse à Ibiza au lever du jour. Peu importe le lieu, elle a ce pouvoir de transformer un groupe disparate en un seul organisme mouvant, relié par le même pouls.
Pour Haskell, ce n’est pas qu’un single de plus. C’est une déclaration : le groove n’a rien perdu de sa force, et le tech-house peut encore être une écriture sensible, presque romanesque, quand il est manié avec autant de précision que de fièvre. Shake That n’invite pas seulement à danser. Il oblige à céder.
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