On croyait connaître Kula Shaker par cœur, les avoir rangés avec les autres reliques de la grande arche Britpop, entre souvenirs de sitars électriques et hymnes à demi-mystiques. Et pourtant, Good Money arrive comme une gifle chamarrée, une nouvelle transe où le groupe déterre l’esprit des sixties pour mieux le tordre dans son propre miroir baroque. C’est moins une chanson qu’un vortex – un tourbillon de soul psychédélique, de funk débridé et de freak show pop où tout scintille et tout déraille à la fois.
Derrière les guitares colorées et les orgues cosmiques, Crispian Mills joue toujours au conteur démiurge. Ici, il raconte un pacte faustien à travers l’histoire d’un gamin qui se réveille un matin avec des ailes. Prodigieux ou monstrueux ? La communauté hésite, certains y voient un ange, d’autres un signe de profit. Métaphore du business musical ? Mills tranche avec ironie : “c’est une métaphore de la vie”. Et il n’a pas tort : Good Money danse en équilibre entre fascination et cynisme, innocence et exploitation, comme un opéra psychédélique en miniature.
Musicalement, le morceau s’ouvre comme une grande roue de fête foraine psychotrope. La basse groove, charnue, sert de colonne vertébrale à un décor halluciné où les riffs de guitare serpentent, où l’orgue ressuscite l’ivresse de The Doors et où la voix de Mills prend des allures de prêcheur allumé. C’est à la fois luxuriant et décadent, brillant comme une vitrine et poisseux comme l’arrière-salle où l’on compte les billets.
Et que dire de la vidéo, entièrement générée par deux “singes IA” selon la légende inventée par le groupe ? Fidèle à l’esprit Kula Shaker, on ne sait plus où finit le gag et où commence la métaphysique. Le résultat est une fresque délirante qui colle parfaitement à l’excès du morceau.
Good Money rappelle surtout que Kula Shaker n’a jamais été un simple vestige britpop, mais une troupe d’alchimistes sonores capables de transformer un vieux vinyle poussiéreux en trip visionnaire. Avec ce single extrait de leur futur album Wormslayer, le quatuor signe non pas un retour nostalgique, mais une réinvention flamboyante : celle d’un groupe qui, trente ans plus tard, continue d’oser l’improbable.
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