Un morceau peut parfois ressembler à une photo retrouvée par hasard au fond d’une boîte à chaussures. Pas de couleurs saturées ni de filtres numériques, juste un éclat de passé qui résiste au temps. Jonny Swift signe avec I’m Losing Track Of My Friends une chanson de trois minutes à peine, mais d’une densité émotionnelle rare, où les guitares carillonnent comme des souvenirs qui refusent de mourir.
On entend dans ce titre le parfum d’une époque où l’indie pop-rock savait être mélancolique sans sombrer, lumineuse sans naïveté. Les tambourins claquent comme des promesses d’éternité adolescentes, les guitares scintillent à la manière des Byrds, et la ligne mélodique pourrait presque se glisser sur une compilation oubliée de R.E.M. La production, signée Matt Kassell, ne cherche pas l’esbroufe : elle laisse respirer le morceau, le rend presque fragile, comme si le moindre effet trop appuyé risquait de trahir la sincérité du propos.
Ce qui frappe, c’est cette tension permanente entre la nostalgie du texte et l’énergie de l’arrangement. Swift évoque les liens perdus, l’éloignement inévitable que la vie impose, mais il choisit la lumière pour le dire. L’auditeur est invité à revivre ces amitiés effacées avec un sourire mélancolique, presque reconnaissant d’avoir connu ces instants.
Ce contraste – tristesse au fond, éclat en surface – révèle l’essence même de l’artiste : un songwriter qui sait que la beauté naît de la faille. Après cinq albums, Swift atteint ici une forme de maturité subtile : écrire la disparition tout en célébrant la trace. I’m Losing Track Of My Friends est un polaroïd sonore d’une rare justesse, où l’intime devient universel, et où chaque note semble nous rappeler que l’amitié, comme la musique, ne meurt jamais vraiment.
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