x
Music Pop

Marzanna nous balance un cover album pas comme les autres

Marzanna nous balance un cover album pas comme les autres
  • Publishedseptembre 24, 2025

Il y a des disques qu’on aborde comme une rencontre amoureuse : à la fois familière et vertigineuse. Celui de Marzanna, alias Marianne Nowottny, agit exactement de cette façon. On pense connaître les chansons, on croit pouvoir anticiper leurs contours, et pourtant, chaque reprise nous échappe comme une silhouette au détour d’un rêve. Ici, la mémoire pop est bousculée, fissurée, reconfigurée. C’est une traversée où les classiques deviennent des miroirs déformants, dans lesquels c’est la voix de Marzanna qui se reflète avant tout.

Wuthering Heights, par exemple, se détache de l’éclat exubérant de Kate Bush pour s’enfoncer dans une pénombre sensuelle. Les aigus cristallins se transforment en incantations voilées, comme si le chant venait de l’intérieur d’une maison en ruines. Cette version ne cherche pas à rivaliser avec l’original mais à le hanter, à en révéler la mélancolie secrète. À l’opposé, I’m Deranged reprend la furie mécanique de Bowie et la recode en une transe moite. Grâce à l’ingénierie de Gordon Raphael, les rythmes abrasifs deviennent une pulsation organique, presque charnelle.

Puis survient Winter Moon, d’une beauté lunaire : un morceau suspendu, où la guitare de Rhea Thompson trace des filaments de givre autour d’une voix qui semble vouloir disparaître à chaque syllabe. Là où The Cold Song nous entraîne dans un frisson théâtral, presque opératique, Stella Maris propose un contrepoint plus intime. Chanter en allemand, en duo avec Christian Corea, installe une distance étrange, comme une prière électronique venue d’un autre monde.

Both Sides Now, repris avec l’accompagnement céleste de Katie Lo à la harpe, bouleverse par sa sobriété. Ici, Joni Mitchell n’est plus une jeune femme qui contemple le monde avec des illusions d’enfant : c’est une voix fatiguée, assise face au temps qui passe, et qui trouve dans la harpe le seul instrument capable d’épouser ses fissures. Enfin, The Last Beat of My Heart réapparaît comme une confession arrachée, un murmure déchirant qui pourrait suffire à lui seul à justifier l’existence de l’album.

Ces neuf titres, arrachés à la mémoire collective, ne sont pas des hommages mais des réappropriations radicales. Marzanna ne répète pas, elle réécrit. Chaque morceau devient une relique transformée, un lieu de lutte et de consolation. Et c’est dans cette fragilité assumée, ce refus d’imiter, que l’album trouve sa puissance : rappeler que les chansons les plus connues ne sont jamais figées, qu’elles vivent encore, qu’elles saignent encore, si quelqu’un ose les ouvrir de nouveau.

Pour découvrir plus de nouveautés POP, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAPOP ci-dessous :

Written By
Extravafrench

Laisser un commentaire

En savoir plus sur EXTRAVAFRENCH

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture