Dans une galaxie pas si lointaine, le groove a été interdit. Alors cinq musiciens masqués, rebaptisés Le Cerveau, Le Primitif, Le Spirituel, Le Prodige et Le Clairvoyant, ont embarqué dans un vaisseau narratif à propulsion jazz-funk. Leur mission : restaurer le rythme dans un cosmos aseptisé. Leur langage : un mélange d’improvisation tendue, de textures cinématographiques et de pulsations telluriques. Leur étendard : Ernest Spaceship, un premier album aussi libre que précis, aussi fictionnel que viscéralement incarné.
Raccoon Tycoon, c’est une sorte d’équipage de jazzmen mutants qui auraient grandi autant avec Snarky Puppy qu’avec Wes Anderson, bricolé des synthés dans des garages et étudié la gravité du silence autant que la beauté du beat. Leur groove n’a rien d’un exercice de style : c’est un acte de narration. Chaque morceau est un chapitre, chaque instrument, un personnage. Leurs concerts ? Des expériences immersives, où le récit d’Ernest, raton laveur cosmique tombé dans un laboratoire, se déploie entre scénographie artisanale, stop motion et narration spatiale.
On a voulu en savoir plus. Alors on a décroché la radio intergalactique, capté un signal, et posé quelques questions à l’équipage de Raccoon Tycoon.
Voici ce qu’ils nous ont transmis.
1 ) Qui êtes-vous ?
Nous sommes Raccoon Tycoon, un groupe instrumental basé à Toulouse, à la
croisée du nu jazz, du funk et du hip hop expérimental. À travers notre
musique, nous développons un univers immersif et narratif, où chaque morceau
s’inscrit dans une histoire que nous racontons sur scène et en studio depuis la
récente sortie de notre premier album: Ernest Spaceship.
Sur cet album le groupe est composé de cinq musiciens : Le Primitif (batterie),
Le Prodige (clavier/synthé), Le Spirituel (basse), Le Cerveau (saxophone
alto, soprano et flûte) et Le Clairvoyant (saxophone ténor), qui nous a rejoints
à l’occasion de l’enregistrement de notre premier album. Ces noms sont à la fois
les pseudonymes que nous utilisons dans le cadre du projet, mais aussi les
personnages que nous incarnons dans l’histoire que nous racontons.
Ernest Spaceship, raconte le Chapitre I des aventures d’Ernest, un raton
laveur cosmique lancé dans une quête : rétablir le groove, mis en péril par un
empire autoritaire. C’est à travers ce prisme que nous abordons la musique
comme un vecteur d’émotions, de narration et d’immersion.
2 ) Quel est votre parcours ?
Le projet Raccoon Tycoon est né en 2021, à l’occasion d’une première résidence
artistique entre musiciens qui ne se connaissaient pas encore. Ce qui devait être
une simple session de création s’est transformé en véritable point de départ.
Ces quatre musiciens réunis par le batteur Elio Arputzo (Aka le primitif) ont été
réunis pour jouer de la musique que chacun écoutait et qui les faisait vibrer, sans
pour autant en jouer dans leur différents projets musicaux.
Dès le début, nous avons eu envie d’aller au-delà du format classique du
concert. Notre musique instrumentale appelle à l’imaginaire, alors nous avons
très vite cherché à construire une expérience immersive : une narration, un
visuel fort, des costumes, et même de la stop motion pour donner vie à l’histoire
d’Ernest, notre personnage principal.
Nous venons tous d’horizons musicaux variés (jazz, musiques actuelles, funk,
hip hop, électronique), ce qui donne au projet sa richesse sonore. Le groupe
s’est structuré autour de ce mélange d’énergies, avec une volonté commune :
raconter une histoire à travers la musique. Après une première live session en
2023 qui a fait naître notre premier EP Live (Un raton laveur dans l’espace),
nous avons continué à développer notre univers jusqu’à l’aboutissement de notre
premier album, Ernest Spaceship, sorti en 2025.
Nous avons aussi eu la chance d’accéder à plusieurs finales de tremplins
nationaux (Jazz à la Défense, Sélection Sziget) et de jouer sur de belles scènes
en France, ce qui nous a permis de confronter notre projet au public très tôt.
Aujourd’hui, nous poursuivons cette aventure, avec l’envie d’élargir encore plus
notre univers, en ouvrant le projet à la scène hip/ hop en collaborant avec des
rappeurs et rappeuses pour ainsi poser des mots sur cette histoire, des visuels
forts, et peut-être un jour, une BD ou un film d’animation.
3 ) Que pouvez-vous nous dire en quelques mots sur votre musique ?
Notre musique est instrumentale et raconte une histoire. Elle puise ses racines
dans le nu jazz, le funk, le hip hop alternatif avec des textures plus
expérimentales, pour créer un univers sonore cinématographique et immersif.
Chaque morceau est une scène, chaque son a une fonction narrative.
Nous concevons la musique comme un langage visuel et émotionnel, capable
de faire voyager l’auditeur sans paroles. C’est une forme de groove narratif, à
la fois dansant, planant, parfois plus dense, mais toujours guidé par une
intention : faire ressentir un chapitre de l’histoire que nous racontons à
travers le personnage d’Ernest.
Ce qui nous anime, c’est l’envie de proposer une expérience complète, à
mi-chemin entre concert, bande-son de notre propre film, et spectacle visuel et
sonore. Le public n’écoute pas simplement une suite de morceaux : il entre dans
un univers.
4 ) Quelles sont vos inspirations ?
Nos inspirations sont multiples, à la fois musicales, visuelles et narratives.
Sur le plan musical, nous sommes profondément influencés par des groupes
comme The Comet is Coming, Hiatus Kaiyote ou Snarky Puppy. Ils
partagent cette capacité à mêler virtuosité, groove et expérimentation, tout en
construisant un univers sonore singulier. On puise aussi beaucoup dans le hip
hop instrumental, l’électro organique, et certaines formes de jazz moderne,
où l’improvisation reste au cœur de la musique.
Sur le plan visuel, nous nous inspirons de l’esthétique cosmique, bricolée,
presque artisanale, que l’on retrouve dans la stop motion, les univers de
science-fiction rétro comme ceux de Michel Gondry ou Wes Anderson. Il y
a dans leurs films une poésie, une manière de faire cohabiter humour et
sensibilité, que l’on retrouve dans Raccoon Tycoon.
Nous sommes aussi très inspirés par les films du studio Pixar comme Wall E, Toy
Story, Là Haut mais aussi par les films de Brad Bird comme Les Indestructibles
ou Le Géant de Fer. Sans oublier des films d’animations plus indépendants
comme Numéro 9 ou encore Mars Express.
Enfin, dans notre façon de construire le projet, nous nous rapprochons aussi
d’artistes qui développent un univers global : de l’image au son, de la scène
à l’édition, comme peuvent le faire certains artistes pluridisciplinaires. C’est
cette dimension transversale, cinématographique, qui nous inspire le plus
aujourd’hui : ne pas cloisonner la musique, mais en faire un portail vers un
monde à part entière.
5 ) Quelle est votre playlist actuelle ?
Notre playlist actuelle est à l’image de notre musique : ouverte, hybride, et
résolument tournée vers le groove sous toutes ses formes.
En ce moment, on écoute beaucoup Okvsho, Yussef Dayes, Flying Lotus ou
encore Hiatus Kaiyote, des artistes qui explorent des territoires musicaux
riches, souvent entre jazz, beatmaking et expérimentation. Leur approche nous
inspire autant dans les textures que dans l’intention.
On reste aussi très attentifs à la scène jazz/hip hop instrumentale comme
Jazzbois, Badbadnotgood ou Makaya McCraven, qui nous poussent à
chercher l’équilibre entre structure et improvisation.
Côté français, on admire le travail de Bada-Bada, ou encore celui de Chassol,
pour leur manière singulière de mêler recherche sonore et esthétique visuelle qui
sont des approches qui résonnent profondément avec notre projet.
C’est une playlist en mouvement constant, mais toujours connectée à ce qui
nous fait vibrer : la recherche, le groove et l’émotion.
6 ) Quel est le plat que vous cuisinez le mieux ?
Nous nous nourrissons exclusivement de nourriture spatiale. Cette nourriture a
des exigences particulières en matière d’alimentation équilibrée. Elle doit avoir
une texture propice à éviter la formation de miettes, celles-ci ne retombant pas,
pourraient être aspirées dans les voies respiratoires et contamineraient
l’environnement de notre véhicule spatial. Elle doit également distribuer aux
astronautes une formule alimentaire qui fournirait toutes les vitamines et les
nutriments nécessaires.
7 ) Quels sont vos projets à venir ?
Nous poursuivons l’aventure avec la construction du Chapitre II des aventures
d’Ernest. Ce nouveau cycle s’inscrit dans la continuité du premier album, tout en
explorant de nouvelles formes musicales et artistiques. On souhaite
continuer à faire évoluer notre univers en le confrontant à d’autres langages, en
gardant cette envie de raconter une histoire à travers une œuvre complète.
Parmi nos envies fortes, il y a également celle de collaborer avec des artistes
de la scène hip hop, pour mêler notre univers instrumental à la puissance du
texte et de la voix. Cela nous permettrait d’ouvrir une nouvelle dimension
narrative, tout en élargissant le spectre esthétique du projet.
En parallèle, nous continuons à faire vivre le Chapitre I sur scène, avec des
concerts immersifs. De belles dates nous attendent, notamment notre
passage au festival Rio Loco le 14 juin à Toulouse. Et on espère que d’autres
beaux rendez-vous verront le jour grâce à la sortie de ce premier album.
8 ) Pouvez-vous nous raconter une anecdote sur vous ?
Ce qui reste gravé comme un moment presque magique dans notre histoire,
c’est cette toute première résidence, qui a donné naissance à Raccoon Tycoon tel
qu’on le connaît aujourd’hui. Nous étions quatre, perdus au milieu de la
campagne, presque étrangers les uns aux autres. Mais ce qu’il s’est passé en six
jours dépasse de loin une simple session de création. En seulement six jours, on
ne le savait pas encore mais nous avions déjà les bases de ce qu’allait devenir
notre premier album.
Il y a eu ce coup de foudre artistique et humain, cette connexion presque
instantanée qui nous a porté bien au-delà de ce que nous pouvions imaginer. On
a enchaîné des journées de travail intense et puis, une fois la nuit tombée,
impossible de lâcher prise : on développait l’histoire, on échangeait, on
enregistrait les premières narrations de ce premier épisode qu’on voulait monter,
parfois jusqu’à tard dans la nuit.
Mais surtout, on a commencé à donner vie à l’histoire d’Ernest grâce aux
premières narrations, qui nous ont aidé à définir le sens et la direction de ce
voyage musical.
Cette semaine-là, c’était comme si le temps s’était arrêté, portée par cette
adrénaline de bâtir quelque chose d’unique, à quatre, avec cette confiance
fraîche mais solide, cette envie irrépressible de faire perdurer le groove et
d’embarquer le public avec nous. C’est un souvenir qu’on garde précieusement.
9 ) Si vous pouviez passer 48 heures avec quelqu’un que vous n’avez jamais
rencontré, qui serait-ce ?
Ce serait vraiment difficile de choisir une seule personne, mais plusieurs noms
nous viennent en tête, notamment des cinéastes et vidéastes qui ont su créer
des univers forts, très personnels et immersifs.
Wes Anderson, par exemple, pour Fantastic Mr. Fox ou l’île aux chiens, ainsi que
Adam Elliot avec son film Mary et Max ou encore Travis Knight avec Kubo et
l’armure magique qui nous ont beaucoup marqué par leur travail de stop motion
et leur esthétique singulière et poétique. Michel Gondry, pour ses clips réalisés à
la main comme Let Forever Be (The Chemical Brothers) ou ses films comme La
Science des rêves, qui jouent avec les frontières entre rêve et réalité. Et Hayao
Miyazaki, dont les mondes oniriques comme dans Le Voyage de Chihiro ou
Princesse Mononoké nous inspirent par leur capacité à raconter des récits
profonds et symboliques à travers une narration et un univers singulier.
Ce sont des artistes qui, chacun à leur manière, nous rappellent à quel point
l’univers visuel et narratif peut sublimer une œuvre musicale. C’est exactement
ce que l’on cherche à explorer avec Raccoon Tycoon.
10 ) Un dernier conseil ?
Si on avait un conseil à donner, ce serait peut-être celui-là : n’ayez pas peur
d’aller au bout de vos idées, même si elles semblent trop grandes, trop folles ou
trop éloignées des formats attendus. Ce sont justement ces idées-là qui font
naître les projets les plus personnels et les plus vivants.
Trouvez les bonnes personnes, celles avec qui ça circule naturellement, et
construisez avec elles quelque chose qui vous ressemble à 100 %. C’est comme
ça qu’est né Raccoon Tycoon, et c’est ce qui nous donne envie de continuer à
repousser les limites, encore et encore.
Pour découvrir plus de nouveautés du moment, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVANOW ci-dessous :

1 Comment
Groupe génial et ambiance assurée, je l’écoute sans modération