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Quand Dublin redessine les cicatrices du premier chagrin avec Flynn Johnson et dib sur BLANK’D

Quand Dublin redessine les cicatrices du premier chagrin avec Flynn Johnson et dib sur BLANK’D
  • Publishedseptembre 26, 2025

La mémoire d’une rupture adolescente a souvent l’amertume d’un parfum persistant : elle s’invite dans une rue, une odeur, une chanson oubliée. Avec BLANK’D, Flynn Johnson choisit de ne pas la noyer sous les clichés, mais de la recracher telle qu’elle s’est imprimée dans son corps adolescent : brute, sarcastique, maladroite, et finalement bouleversante.

Ce qui frappe, c’est l’exactitude des images. Le morceau ne raconte pas un “cœur brisé” en termes vagues, il le reconstruit pierre après pierre : un Bebo Flashbox qui clignote comme une balafre numérique, une fragrance qui déclenche une avalanche de souvenirs, un ego qui refuse de plier. Flynn découpe son texte avec une précision chirurgicale, passant de la moquerie à l’autoflagellation en une fraction de mesure. Dans ses rimes se lit l’attitude bravache du gamin trop fier pour avouer la douleur, et en filigrane la lucidité de l’adulte qui revisite la scène.

Face à ce flux nerveux, dib impose une respiration salvatrice. Son refrain n’est pas un simple contrepoint mélodique : c’est une mise au point, une ligne de conduite. Là où Flynn ressasse et oscille, elle tranche, érige des limites. C’est cette alternance — vacillement contre affirmation — qui donne au morceau sa force de dialogue, presque théâtrale.

La production signée ROC joue la carte de la sobriété tendue : un beat sec, une ambiance monochrome qui cadre avec le clip en noir et blanc, et un groove sous-jacent qui fait palpiter le texte sans jamais l’écraser. Cette austérité laisse toute la place à l’oralité, à la respiration des mots, à ce jeu de miroirs entre passé et présent.

Dans l’ombre des Kendrick, Ghetts ou Kano, Flynn Johnson trace sa propre voie : celle d’un rap profondément irlandais, enraciné dans des lieux précis — jusqu’à ce fameux boîtier électrique vert qui hante ses visuels et devient symbole de l’adolescence, de l’amour et du deuil. BLANK’D n’est pas qu’un morceau de rupture : c’est une capsule temporelle, une archive de sensations que l’on croyait avoir enfouies.

Et c’est peut-être ça, la marque des grands conteurs : transformer une cicatrice intime en matière universelle, assez tranchante pour réveiller les nôtres.

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Written By
Extravafrench

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