Une chanson comme celle-ci ne s’écoute pas, elle s’absorbe. Comme un ciel bas, lourd de pluie, qui finit par éclater et vous tremper jusqu’à l’os, Never Meant To Hurt You est une confession qui ne cherche pas l’absolution, mais la justesse. Ady Suleiman, avec sa voix de velours froissé, murmure plus qu’il ne chante : il ouvre une plaie, la caresse du bout des doigts et nous invite à la regarder sans détour.
Là où tant de ballades R&B se contentent d’un vernis émotionnel, ce morceau est une mise à nu. La production de Miles James épouse parfaitement cette pudeur : nappes souples, battements discrets, une architecture sonore qui n’impose rien mais soutient tout. C’est une mise en scène subtile, un décor minimaliste pour une histoire trop vaste pour être réduite à un couplet.
Puis surgit Kofi Stone, comme un contrepoint dramatique, un souffle grave qui densifie le récit. Sa voix ne vient pas contredire mais compléter : elle rappelle que l’amour est toujours un jeu de perspectives, qu’à chaque blessure répond une désillusion. Ensemble, ils construisent une polyphonie fragile, à la frontière de la soul, du spoken word et du hip-hop le plus introspectif.
La force de Never Meant To Hurt You ne réside pas seulement dans ce dialogue sensible, mais dans la trajectoire qu’il incarne. On retrouve Ady Suleiman après une parenthèse longue, peut-être nécessaire, comme si l’artiste avait eu besoin de se taire pour mieux renaître. Ses racines swahilies, ses souvenirs de Grantham étouffés par l’ennui provincial, son adolescence sauvée par une guitare et par Hendrix — tout cela affleure dans ses inflexions, comme des fantômes qui refusent de disparaître.
Le morceau agit alors comme une réconciliation : entre passé et présent, entre vulnérabilité et force, entre soul et rap. Ce n’est pas un single calibré pour faire tourner les algorithmes, c’est un fragment de vérité cristallisé en musique. Et quand Ady répète qu’il n’a jamais voulu blesser, on comprend que ce n’est pas seulement une adresse à l’être aimé, mais à lui-même, à ses propres manquements.
Dans cette sincérité brute, Never Meant To Hurt You trouve sa grandeur : une ballade moderne qui redonne à l’erreur humaine la dignité d’une œuvre d’art.
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