Un morceau comme KIRAN n’arrive pas par hasard : il surgit comme une parabole, quelque part entre la tragédie shakespearienne et la rédemption spirituelle, et porte la marque d’une ambition rare dans le rap contemporain. Horizyn, rappeur d’East London au flow précis et sans compromis, y construit un récit cinématographique autour d’un CEO tout-puissant, happé par l’avidité et la vacuité de son propre empire, jusqu’à ce qu’une expérience de mort imminente lui fasse tout reconsidérer.
Ce qui frappe d’abord, c’est la densité narrative. Chaque rime agit comme un plan de caméra, découpant le destin de ce personnage comme on déroulerait un film noir, avec ses excès, ses échos de solitude et, enfin, sa quête maladroite d’un second souffle. Mais ce réalisme brutal n’est jamais laissé à l’état brut : Vandana Nirankari surgit dans le refrain comme une apparition spectrale, sa voix naviguant entre ferveur et mélancolie, apportant au morceau une gravité quasi mystique. Elle ne se contente pas d’orner le beat — elle l’élève, elle le contredit parfois, elle incarne la possibilité d’un autre chemin.
Musicalement, KIRAN est une alchimie subtile : une base hip-hop britannique qui respire le boom bap réinventé, sur laquelle viennent s’inviter des couleurs harmoniques empruntées à la tradition indienne. Cette hybridation n’a rien d’un gimmick exotique, elle agit comme un véritable liant, un pont entre deux mondes sonores qui se répondent. Le grain lourd de la rythmique dialogue avec des inflexions vocales d’ailleurs, créant une tension permanente entre brutalité et espoir.
Horizyn n’en est pas à son premier coup d’éclat, mais ce titre donne la sensation d’un tournant. Non pas un simple morceau de rap conscient, mais une fable moderne, un avertissement et une promesse. KIRAN rappelle que la musique peut encore servir à raconter des histoires d’âmes perdues et retrouvées, à ausculter les paradoxes humains — ce besoin d’accumuler et ce désir de renaître.
Dans une scène où le spectaculaire et le superficiel dominent, Horizyn et Vandana signent une œuvre d’une intensité rare, qui ne cherche pas seulement à plaire mais à marquer, à hanter, à forcer l’écoute jusqu’au bout. Un morceau qui, comme son titre l’indique, agit comme un rayon : il perce l’obscurité, mais sans jamais en nier la profondeur.
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