On ne sort pas indemne de l’écoute de OLDHEAD. Karl, qui porte son blaze comme une revendication, livre ici un morceau qui sent le métal brûlé, la sueur, la paranoïa. Ce n’est pas seulement du trap, ni seulement du gangsta rap : c’est une hybridation abrasive où l’horreur et la colère s’invitent, flirtant avec l’énergie brute du horrorcore et la brutalité du trap metal.
Dès les premières secondes, on est happé par une production qui ne laisse pas respirer. Les basses cognent comme des coups portés au plexus, les percussions se tordent en spirales menaçantes et chaque silence, chaque rupture, fait naître une tension presque cinématographique. C’est une atmosphère de cave humide, de ruelle nocturne, où chaque bruit devient une alerte.
Karl s’y engouffre avec un flow qui n’est pas là pour séduire, mais pour graver au fer rouge. Son timbre rauque, volontairement écorché, joue sur une théâtralité viscérale, entre cri étouffé et incantation. Il a cette manière de répéter, de marteler certaines phrases, qui transforme ses mots en armes hypnotiques. Le texte n’est pas une fresque lyrique, c’est une gifle : obsession pour la survie, rejet du système, mémoire des cicatrices.
Mais derrière l’agressivité, il y a un savoir-faire précis. Chaque couche sonore est pensée pour amplifier le malaise : nappes dissonantes, distorsions saturées, échos métalliques. On pense à Denzel Curry période TA13OO ou aux fulgurances rageuses de Ghostemane, mais avec une rugosité plus crue, plus ancrée dans la rue que dans l’expérimentation esthétique.
OLDHEAD est moins une chanson qu’une déclaration. Le genre de morceau qui ne cherche pas à plaire mais à marquer, à ouvrir une brèche. Un manifeste sonore où Karl dit en creux : le rap n’est pas qu’un terrain de jeu pour rookies brillants, c’est aussi le refuge des vétérans qui refusent de baisser la tête.
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