Un morceau comme Cuttin’ Up ne se découvre pas, il se reçoit de plein fouet. Dès les premières mesures, Sandrinette s’installe au centre du ring sonore et déroule une performance qui rappelle que le rap reste d’abord une question de souffle, de technique et d’imagination. Pas d’artifices, pas de fioritures : un beat sec, tendu comme une corde, et des mots qui s’entrechoquent comme des coups portés avec précision.
L’inspiration de Papoose et son mythique Alphabetic Slaughter plane évidemment sur le morceau, mais Sandrinette ne se contente pas de citer ou d’imiter. Elle reprend ce modèle d’endurance lyricale pour y injecter son propre tempérament : plus joueur, plus vif, moins démonstratif que jubilatoire. Le plaisir qu’elle prend à manipuler la langue, à sculpter chaque rime comme un éclat de verre, devient communicatif. On n’écoute pas seulement un exercice de style, on assiste à une jubilation — un corps-à-corps entre le texte et la cadence.
La production joue son rôle avec intelligence. Minimaliste, presque spartiate, elle fonctionne comme une cage qui laisse le flow occuper tout l’espace. Chaque silence, chaque respiration, devient partie intégrante de l’attaque verbale. On sent que Sandrinette connaît ses références sur le bout des doigts, mais refuse de se laisser enfermer dans la nostalgie. Son interprétation rend hommage à l’école old-school tout en l’arrachant à son musée pour la projeter dans le présent.
Au final, Cuttin’ Up n’est pas un simple single : c’est une déclaration. Un manifeste qui dit que le rap n’a pas besoin de se travestir pour rester percutant, que la virtuosité technique peut être un moteur d’émotion brute. Sandrinette s’impose ici non pas comme une élève appliquée, mais comme une héritière indocile, prête à tordre l’histoire du hip-hop pour mieux en écrire la suite.
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