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Music Rock

Drame Rock en dix actes avec Gothic Aesthetic sur Tales of the Dark Forest

Drame Rock en dix actes avec Gothic Aesthetic sur Tales of the Dark Forest
  • Publishedoctobre 3, 2025

On entre dans Tales of the Dark Forest comme on franchit une grille rouillée donnant sur un cimetière de pierre et de brume. Rien de brutal, pas de peur frontale. Plutôt une main glacée posée sur l’épaule, une invitation à marcher dans la pénombre et à se laisser happer. Gothic Aesthetic ne cherche pas l’effet facile : ils bâtissent un théâtre d’ombres, une dramaturgie sonore où chaque morceau joue le rôle d’un acte tragique.

Witch ouvre le bal comme une invocation. Le chant, mi-chuchoté mi-crié, porte la mémoire des bûchers et la revanche des flammes. C’est la naissance d’une héroïne mythologique que l’on voit déjà danser au milieu des éclairs. The Raven embraye avec une puissance presque symphonique, clin d’œil évident à Poe, mais réinventé : riffs cinglants, percussions martiales, un corbeau qui n’annonce pas la mort mais la révolte.

Dans Cursed Forest, le duo déploie son sens du cinéma : les guitares deviennent racines et spectres, les synthés bruissent comme des branches, et l’on s’égare dans cette forêt sonore qui semble respirer par elle-même. L’impression est immersive, presque tactile. Iron Mask, lui, renverse la perspective : un titre pesant, tragique, comme un opéra de métal gothique. Derrière ce masque de fer, on entend surtout l’impossibilité de dire, le silence de siècles condensé en une mélodie douloureuse.

La beauté se fait sanglante dans Blood of the Moon. Ici, tout est rituel : la guitare se tord en litanie, la voix caresse et griffe à la fois. On pense à une messe rouge, un désir sacrificiel transfiguré en danse. Puis vient The Marionette, morceau qui glace par son atmosphère de cauchemar théâtral. Qui manipule qui ? Les voix se superposent comme autant de fils invisibles, et l’on ressent physiquement cette perte de contrôle.

Avec Bride of Shadows, le disque bascule vers le romantisme pur. Une ballade funèbre, sublime, où l’on croit assister à un mariage impossible entre la vie et la mort. Et lorsque The Damned King surgit, les guitares tranchent net, portées par des vocaux d’une brutalité souveraine. Le trône est de glace, la folie royale palpable.

Gothic Feast surprend, presque ludique : banquet macabre, ambiance cabaret punk, éclats de rire venus des tombes. Un moment de respiration, grotesque et jouissif. Puis tout s’éteint dans Final Bell, véritable épilogue où chaque titre semble revenir hanter nos oreilles, comme si la forêt engloutissait ses propres histoires pour mieux les garder.

La force de Gothic Aesthetic est là : ne jamais sombrer dans le cliché. Leur gothisme est élégant, viscéral, nourri de Ghost, HIM ou Type O Negative, mais transcendé par une volonté de bâtir un univers total. Tales of the Dark Forest n’est pas seulement un disque, c’est une scène, un mausolée vivant où chaque écho, chaque riff, chaque souffle participe à une liturgie sombre.

On en ressort marqué, comme après une pièce de théâtre qui aurait mêlé Poe, Mary Shelley et un live de Sisters of Mercy sous acide. L’album n’essaie pas de terrifier. Il hante, doucement, longtemps. Et ce genre de hantise est beaucoup plus rare — et beaucoup plus précieuse.

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Written By
Extravafrench

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