Une pulsation lente, régulière, comme le cœur artificiel d’une époque qui bat plus vite que nous. Dès les premières secondes de Synthetic Affection, Synaptik Velocity — producteur norvégien basé à Stavanger — installe une tension : la séduction de la fluidité numérique contre l’inquiétude de l’aliénation. Le morceau n’est pas qu’une track électronique, c’est un miroir tendu vers notre temps, celui des écrans permanents et des amours pixelisées.
L’influence de Massano et Anyma se devine dans l’architecture : techno mélodique, hypnotique, avec cette patine sombre et futuriste qui épouse la lente montée de couches synthétiques. Mais là où beaucoup se contentent d’empiler les textures, Synaptik Velocity creuse un paradoxe : chaque son est à la fois caressant et glacial, chaque montée euphorique s’accompagne d’un arrière-goût de solitude. La voix absente — remplacée par des nappes éthérées — agit comme une présence fantôme, comme un souvenir humain filtré par l’algorithme.
Ce qui me fascine, c’est la clarté émotionnelle derrière l’abstraction sonore. Synthetic Affection évoque à la fois l’intimité d’un geste tendre et la distance d’un écran qui s’interpose. Le morceau parle de connexion, mais d’une connexion sous tension, toujours au bord de l’effacement. On danse, oui, mais avec cette sensation que quelque chose nous échappe, comme si le plaisir lui-même était déjà contaminé par le numérique.
L’écriture, la production, le mixage — tout est porté par Synaptik Velocity seul, affûté par des échanges avec quelques proches. Et cette solitude de créateur se ressent : le track sonne comme un dialogue intérieur, une tentative de traduire en son les questions qu’on n’ose plus formuler à voix haute. Comment aimer dans un monde saturé de flux ? Qu’est-ce qui reste humain quand tout passe par des filtres, des écrans, des simulations ?
À la manière d’un manifeste sonore, Synthetic Affection ne donne pas de réponse. Il expose, il suggère, il hante. Son énergie est contagieuse — parfaite pour un club aux stroboscopes futuristes — mais derrière le frisson, on entend la mélancolie. Comme si la fête électronique portait déjà en elle le vertige de son lendemain.
Synaptik Velocity signe ici un morceau à la fois hypnotique et profondément lucide : une tendresse mécanique, une caresse synthétique qui, au fond, parle de nous — et de la solitude tapie dans la vitesse du monde.
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