Bruxelles n’a jamais cessé d’inventer ses marges sonores, entre techno moite, héritages new wave et flamboyances EBM. C’est dans ce terreau qu’émerge enfin Peter Dyna, vétéran de la chambre transformée en laboratoire sonore depuis des décennies, qui ose pour la première fois sortir de l’ombre avec That Girl With The Bald Head. Un morceau qui, sous ses pulsations industrielles et ses clins d’œil au synthpop des années 2000, porte surtout une charge émotionnelle inattendue : une célébration de la beauté nue, sans perruque ni artifices.
La pièce s’ouvre sur des arpèges synthétiques qui rappellent la rigueur électronique de VNV Nation, mais très vite le morceau prend une trajectoire singulière. La basse, lourde et vibrante, donne un ancrage presque martial, tandis que des voix samplées — issues d’un clin d’œil persifleur à The Party de Kraze — dérivent vers autre chose. Ce qui pouvait n’être qu’une boutade devient manifeste : transformer la figure de la “bald girl” en icône. Pas une caricature, mais une image de puissance et de vulnérabilité mêlées.
On pense au glam de Dr Lektroluv, à l’élégance nocturne de The Midnight, mais Peter Dyna injecte une chaleur qui empêche le morceau de sombrer dans le simple hommage rétro. Derrière l’énergie dansante, on sent le récit personnel : celui d’une amie contrainte de se raser le crâne pour des raisons médicales, sublimée en héroïne de clip électro. Le choix est fort. Là où l’industrie pop vend souvent l’image lisse, Dyna choisit de mettre en avant la beauté fragilisée, le courage dans l’exposition de soi.
Côté production, tout est taillé dans la clarté : kicks massifs, nappes lumineuses, une progression qui tient plus de l’ode que du banger club. Bedroom production, certes, mais avec une finesse et une sincérité qui débordent des murs. C’est le paradoxe du morceau : calibré pour les corps en mouvement, mais construit comme une déclaration intime.
Avec That Girl With The Bald Head, Peter Dyna signe une deuxième sortie qui ressemble à une première vraie naissance artistique : à la fois ancrée dans la culture synthpop européenne et portée par une profondeur humaine rare. Derrière les machines, on entend la voix d’un producteur qui ne cherche pas la gloire mais la justesse. Et parfois, c’est tout ce qu’il faut pour que la musique touche.
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