Écouter Eterna, c’est se retrouver face à un miroir qui ne renvoie pas seulement votre reflet, mais vos souvenirs, vos cicatrices, vos élans étouffés. Vanessa Marie King a transformé sa propre histoire en partition ouverte, un manuscrit de chair et de voix où chaque chanson sonne comme une confidence qu’on aurait eu peur d’écrire soi-même.
La première secousse s’appelle « Estoy tan orgullosa de ti ». Rien d’une simple dédicace filiale : c’est un poème parlé en musique, une étreinte que la voix transforme en hymne pudique. La guitare se fait douce complice, l’arrangement respire, et l’on comprend dès ces premières notes que cet album ne cherchera pas à séduire par des artifices, mais par sa vérité nue.
Puis arrive « No estaba lista », ce chant à la mère disparue. Tout s’y concentre : le tremblement d’une voix qui lutte contre le silence, l’épure instrumentale qui laisse chaque syllabe flotter comme une larme suspendue. C’est une pièce bouleversante, où le deuil cesse d’être une ombre pour devenir une matière musicale.
Avec « Jugaste con fuego », Vanessa embrase son récit. Le feu de la passion est traité comme une brûlure à vif, entre désir et péril. La rythmique plus affirmée, presque dansante, rend paradoxalement le morceau incandescent : on danse sur les braises, on sourit avec les lèvres noircies. « Niña perdida » fonctionne comme un contrepoint, une méditation sur l’identité fracturée. Le timbre de Vanessa y sonne fragile mais lumineux, comme si chaque fracture ouvrait une nouvelle fenêtre vers l’air.
Et puis il y a « Eterna », pièce centrale, titre-manifeste, où tout converge. Le mot claque comme une promesse de durée dans un monde où tout s’effrite. La composition s’élargit, portée par une production ample mais sans excès, comme si Vanessa avait trouvé le point d’équilibre entre l’intime et l’universel.
Ce qui fascine dans Eterna, c’est l’équilibre entre l’ombre et la clarté. Vanessa Marie King ne chante pas pour enjoliver la vie, elle chante pour l’habiter, pleinement, jusque dans ses failles. On retrouve dans ses harmonies un souffle folk, dans ses mélodies une teinte pop latino, et dans son phrasé une sincérité brute qui rappelle les grandes songwriters capables de transformer leur propre vulnérabilité en langage commun.
Ce disque ne ressemble pas à un premier album. C’est plutôt une catharsis mise en forme, une traversée intime qu’on reçoit comme une confidence universelle. En sortant de Eterna, on n’a pas seulement découvert une nouvelle voix : on a croisé une âme qui ose se mettre à nu, et qui transforme ses blessures en braises éternelles.
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