Ça commence comme un film Super 8 projeté sur un mur décrépi de Kreuzberg : un riff clair, légèrement désaccordé, qui semble suinter la pluie berlinoise. Berlin Blues n’a rien d’un blues académique. C’est une virée indie-rock trempée dans la mélancolie et les néons, une danse lente entre euphorie et désillusion. Blanket Approval y capture cette sensation typique des grandes villes : le vertige d’être libre, mais un peu perdu.
La première écoute donne envie de bouger. La deuxième, de réfléchir. Le groove a quelque chose de contagieux, presque funky, mais derrière cette légèreté se cache une lucidité tranchante. Le chant de Jack Matteucci a ce ton faussement nonchalant, un peu cassé, à la frontière entre ironie et confession. On dirait un type qui sourit au comptoir pour ne pas qu’on voie qu’il est à bout. Le texte, lui, déroule comme un carnet de route intime : errances nocturnes, solitude collective, et cette façon de chercher la chaleur dans la foule.
Musicalement, Berlin Blues respire la scène new-yorkaise, mais regarde vers l’Europe — une hybridation qui rappelle le groove suave de Parcels, les élans pop de The Kooks, et l’énergie punk subtilement contenue d’Iggy Pop. Les guitares se répondent comme des néons dans une ruelle, la basse trace des lignes de fuite et la batterie claque, nerveuse, urgente. Tout est précis, organique, vivant.
Ce qui frappe surtout, c’est cette maîtrise du contraste : un son solaire porté par des paroles grises, une joie feinte pour habiller la fatigue d’exister. Blanket Approval joue avec la dualité comme avec une vieille compagne. Leur musique a le sourire en coin de ceux qui ont trop vu, trop senti, mais continuent à danser quand même.
Berlin Blues n’est pas seulement une chanson — c’est une carte postale écrite à l’encre d’un spleen moderne. Elle sent la bière tiède, la sueur et les rêves abîmés. Une énergie électrique, authentique, où le groove devient une thérapie et la nostalgie, une complice. Blanket Approval signe ici un morceau qui groove comme un samedi soir mais pense comme un dimanche matin.
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