Le Bronx n’oublie jamais. Même quand la trap sature les clubs et que l’auto-tune a remplacé la sueur du micro, il reste des voix qui refusent de plier. Charles Herron fait partie de celles-là — des MCs bâtis dans la poussière du trottoir, nourris à Mobb Deep et élevés à Camp Lo. Avec WLVS, produit par JR Swiftz, il ne ressuscite pas le “Golden Era” : il le réinvente, comme un vieux film qu’on aurait recolorisé pour une nouvelle génération.
Dès les premières secondes, l’atmosphère est dense, urbaine, presque cinématographique. Le clavecin s’entrelace avec les drums claquants de JR Swiftz — un beatmaker au pedigree déjà ancré dans les fondations (Conway The Machine, Juicy J, Elzhi…). Ce son-là, c’est du pur New York : les Tims dans la flaque, les néons qui clignotent au-dessus d’un coin de rue, les voix qui s’élèvent dans le froid. Pas de décor digital, pas de maquillage — juste la rue, nue et honnête.
Herron, lui, rappe comme s’il mâchait le bitume. Sa diction a ce grain rêche, cette assurance héritée des cyphers où il fallait mordre pour exister. “You can blame Mobb Deep / See I was raised like this…” — tout est dit. Il parle de l’école du réel, celle où la discipline vient de la survie. Ce n’est pas un hommage nostalgique, c’est un manifeste : le hip-hop, le vrai, celui du verbe et du vécu, respire encore.
Mais WLVS ne s’arrête pas à la nostalgie. Ce morceau est aussi un pont — entre l’ancien et le nouveau, entre les cendres du boom bap et la modernité de sa production millimétrée. Swiftz comprend la mission : honorer sans figer. Ses drums, lourds mais vifs, donnent à Herron l’espace pour rugir, pour conter sans filtre ce que les chiffres de Spotify n’expliqueront jamais : l’âme.
C’est cette alchimie rare — entre l’instinct brut et la science du son — qui fait de WLVS un track majeur. On y sent la fierté des pionniers, la sueur des battles, la précision d’un artisan du verbe. Herron rappe comme s’il écrivait sur les murs de son quartier : des vers en graffiti sonore, taillés dans le béton.
WLVS est un retour à la source, mais avec la hargne du futur. Un cri collectif des anciens loups aux jeunes lions : “voilà d’où on vient, voilà comment on mord encore.”
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