Le beat claque comme une gifle. Pas une de celles qui font mal, non — une qui réveille. Talk To Um, signé Messiah of Madness (alias Tone Fultz) en featuring avec Solomon Childs du clan Wu-Tang, ne cherche pas à séduire, encore moins à divertir. C’est une pièce de rap brut, une séance d’exorcisme en 90 BPM. Un morceau qui ne s’écoute pas d’une oreille distraite, mais se vit comme une descente dans le ventre du hip-hop.
Le décor est minimaliste, presque menaçant. Une boucle vocale distordue tourne en fond, spectrale, tandis que les drums cognent sec, taillés pour le bitume plus que pour les playlists. Les claviers, eux, résonnent comme des éclats de verre dans un sous-sol enfumé. Ce n’est pas une production nostalgique, c’est une autopsie du son boom-bap — celle d’un genre qui n’a jamais vraiment disparu, mais qu’il fallait ressusciter avec les bons rites.
Messiah of Madness rappe comme s’il avait attendu trop longtemps pour parler. Chaque mot semble craché, forgé dans la rancune et la lucidité. Pas de hook accrocheur, pas de mélodie mielleuse : juste la vérité, livrée au scalpel. On entend l’influence des pionniers de la côte Est, mais aussi cette rage contemporaine, celle d’un artiste qui refuse les postures. Solomon Childs, fidèle à son ADN Wu, entre dans la boucle avec la gravité d’un vétéran : flow rocailleux, diction tranchante, autorité naturelle. Sa présence transforme le morceau en rituel.
Ce Talk To Um n’est pas un titre, c’est une injonction. Une manière de dire : « Parle-leur, mais dis-leur vrai. » Fultz, producteur devenu prophète du micro, semble vouloir rappeler à l’ordre une scène parfois anesthésiée par la hype. Ce qu’il fabrique ici, c’est un retour aux racines — un boom-bap de combat, viscéral, crasseux, mais terriblement vivant.
Le morceau s’inscrit dans la lignée du futur album Bare Knuckle Boom Bap, un titre qui dit tout : pas de gants, pas de triche. Juste la chair et le souffle. À l’heure où le rap se pare de filtres et d’effets, Talk To Um agit comme une gifle nécessaire.
Messiah of Madness, lui, ne revendique rien — il rappelle. Que le hip-hop n’est pas un genre, mais un instinct. Et qu’à Pittsburgh, comme à Staten Island, les vrais parlent encore — et fort.
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