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NEEB nous embarque sur « Take To The Sky »

NEEB nous embarque sur « Take To The Sky »
  • Publishedoctobre 11, 2025

Ce disque m’a donné l’impression d’être dans une chambre d’hôtel que je ne reconnaissais plus, à deux heures du matin, la fenêtre ouverte sur un ciel bleu pétrole. Tout vibrait doucement, comme si le monde s’était mis à flotter. Take To The Sky, premier long format de NEEB, n’est pas un album de jazz au sens strict — c’est un mirage feutré, une onde, une traversée sensuelle entre la chair et le son.

Jasmine Weatherill chante comme on chuchote une vérité qu’on n’a jamais dite à voix haute. Elle a cette voix translucide, presque tactile, qui se dépose sur les textures fluides de Mark Hand et Tony Waite comme un souffle sur une vitre embuée. Autour d’elle, le groupe respire : la basse avance à pas de velours, les synthés se déploient en halo, et la batterie, fine et attentive, semble écouter avant de frapper. On pense parfois à Sade, à Talk Talk, à ce jazz anglais qui s’est toujours écrit à la frontière du silence. Mais NEEB n’imite personne. Leur son, c’est celui d’une génération qui a digéré la soul, le dub, la house et le chagrin — et qui, au lieu de choisir, préfère flotter entre les états.

Chaque morceau agit comme un état d’âme. Take To The Sky ouvre le bal avec la grâce d’un lever de jour : on sent la lumière passer entre les doigts. The Way I Do glisse sur un groove qui se dérobe, à la fois tendre et fuyant. Puis Cave of Hands descend dans des profondeurs plus troubles — un trip intérieur, moite, presque mystique. Visions se hisse au-dessus du brouillard avec une trompette qui fend la nuit comme un souvenir qui revient sans prévenir. All Caught Up déploie une élégance discrète, un jazz en apesanteur, tandis que Time Is Elastic s’étire, suspendu entre deux respirations, comme un rêve qui refuse de finir. Wasted est le moment de vertige, la nostalgie pure. Et Brighter Day, enfin, réapprend la lumière : un au revoir qui a le goût d’un recommencement.

Ce que NEEB propose ici dépasse la virtuosité. C’est une forme de tendresse sonore, une exploration des textures et du temps, un disque qui coule lentement dans les veines comme un calmant. On y entend le poids des nuits blanches, des amours suspendues, des doutes qu’on apprivoise. C’est un album pour les heures sans montre, pour ceux qui ne savent plus très bien s’ils dansent ou s’ils rêvent.

Take To The Sky ne cherche pas à impressionner — il cherche à hypnotiser. Et il y parvient, avec une douceur presque insolente.

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Written By
Extravafrench

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