Il y a des voix qui ne chantent pas : elles respirent. Sophia Thakur est de celles-là. My City n’est pas un premier single, c’est une confession murmurée au bord d’un nouveau monde — celui où la poésie s’incarne enfin dans la chair d’une mélodie. C’est le moment précis où les mots quittent la page pour flotter dans l’air, comme un oiseau qui hésite entre rester ou migrer.
On connaît Thakur pour sa plume incandescente, ses vers taillés comme des miroirs. Mais ici, la poétesse se déleste de l’éloquence. Elle choisit la retenue, le souffle, l’émotion pure. My City glisse sur un fil de guitare et de basse, minimaliste mais habité, un décor presque nu où chaque note semble déposée à la main. La production, signée avec une pudeur exemplaire, ne cherche pas à briller : elle écoute. Elle laisse l’espace à la voix, ce timbre feutré qui vibre comme une confession faite à soi-même.
C’est une chanson de passage. De l’ancien au nouveau, de Londres à Los Angeles, du verbe au chant. Sophia y parle de métamorphose, de cette faim d’inconnu qui nous pousse à redéfinir la notion même d’appartenance. “My City”, c’est moins une adresse qu’un état intérieur — la ville comme métaphore du corps, des souvenirs et des désirs qu’on porte en soi. On y entend le clapotis des néons, la solitude qui s’invite entre deux respirations, la promesse d’un ailleurs où l’on pourrait enfin être soi sans le poids des attentes.
L’élégance du morceau tient à sa sincérité désarmée. Thakur ne joue pas à la chanteuse : elle explore le chant comme une extension de son souffle poétique. Son phrasé, presque parlé, rappelle la tradition du spoken word mais se fond dans la sensualité d’un R&B dépouillé, presque spectral. On pense à Cleo Sol ou Arlo Parks, mais Thakur va ailleurs, plus loin — elle écrit encore, mais dans le vent.
My City s’écoute comme on ouvre une lettre qu’on s’est écrite dans une autre vie. Il y a la nostalgie d’un départ, la douceur d’un adieu qu’on ne veut pas formuler. Et surtout, cette vérité nue : qu’au fond, on ne quitte jamais vraiment sa ville — elle nous hante, elle nous forme, elle respire encore quand on ferme les yeux.
Sophia Thakur signe ici une entrée dans la musique d’une pureté rare, à la croisée du souffle et du silence. Une chanson comme un horizon : sans fin, sans bord, sans bruit.
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