Certains artistes écrivent pour exorciser. Fiona Amaka, elle, écrit pour exister — pleinement, sans détour, comme si chaque mot devait la réconcilier avec le monde. Honesty (Psalm 139) est un éclat d’âme, un geste de foi rendu presque charnel. On y entend la voix d’une femme qui n’a plus peur de se regarder dans le miroir, d’y voir ses failles et ses fulgurances, d’y lire ce lien mystérieux entre le doute et la grâce.
La chanson, d’une limpidité désarmante, s’ouvre comme une respiration. Guitare acoustique, cordes suspendues, espace autour de la voix : tout est pensé pour laisser l’émotion se déployer sans filtre. Fiona ne chante pas Dieu comme une entité lointaine, mais comme une présence intime, celle qui chuchote quand tout s’effondre. Et derrière cette sérénité, il y a une architecture subtile, une précision de l’écriture mélodique qui trahit une oreille exigeante. Le travail du producteur Andy Zanini, tout en nuances, épouse la clarté de sa voix sans jamais la dominer, tandis que le mixage de Los Angeles par Eric Sanicola lui offre cet éclat fragile, presque diaphane, qui flotte entre folk et soft rock.
Mais ce qui fascine surtout, c’est cette capacité à faire cohabiter la transcendance et le quotidien. Fiona Amaka chante la foi avec la même langue qu’elle utilise pour parler d’amour, de trahison ou de solitude — comme si l’intime et le spirituel étaient deux rivières qui finissaient toujours par se rejoindre. Dans ses inflexions, dans la manière dont sa voix tremble puis se redresse, on devine la mémoire de ses précédents morceaux : la blessure de No Daylight, la tendresse maladroite de Wingman, la lucidité de Different. Ici, tout semble avoir trouvé son point d’équilibre.
Honesty (Psalm 139), c’est un psaume moderne, écrit non pas pour le ciel mais pour l’humain, pour celui ou celle qui vacille. Un titre lumineux sans être naïf, qui préfère l’aveu à la perfection. En écoutant Fiona, on comprend que la foi — qu’elle soit religieuse, amoureuse ou artistique — n’est pas une réponse, mais une question à laquelle on accepte enfin de ne plus mentir.
Ce morceau est une offrande à la fois douce et radicale : une chanson qui ne cherche pas à convertir, mais à consoler. Et dans sa sincérité, dans cette manière d’allier humilité et intensité, Fiona Amaka atteint ce que bien des artistes poursuivent toute leur vie — une forme de vérité nue, chantée avec la voix tremblante d’une lumière qui sait d’où elle vient.
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