Il y a dans TeenageAngst cette fureur adolescente qu’on croyait disparue, cette brûlure que rien n’apaise, pas même les années ou la lucidité. BruceBan$hee en fait son carburant, son poison et sa délivrance. Ce n’est pas un EP, c’est une décharge électrique, une montée d’adrénaline pure, un cri coincé entre les dents. On y retrouve l’énergie d’un gamin enfermé dans sa chambre, qui balance son cœur contre les murs pour voir s’il bat encore.
Dès Finger Food, tout explose. Deux minutes d’uppercuts sonores où les riffs déchirent l’air comme des lames. Ce n’est pas poli, pas mixé pour la radio : c’est brut, nerveux, sauvage. BruceBan$hee rappe et hurle à la fois, comme si chaque syllabe devait lui coûter un morceau d’âme. La tension ne redescend jamais, elle se transforme. WooHoo! surgit ensuite, pur chaos euphorique, pogo digital entre punk et trap. On a envie de sauter partout, de rire, de pleurer, de tout casser avec lui.
Mais c’est dans Dark Woods que le vernis craque : les ombres s’épaississent, le tempo ralentit, la voix devient spectrale. On dirait un cauchemar raconté les yeux ouverts, un moment suspendu entre rage et effondrement. BruceBan$hee y étire le silence, le malaxe, le rend presque beau.
Et puis, sans prévenir, Snow California éclaire l’horizon : un paradoxe givre et soleil, un mirage de jeunesse dorée qui se fissure sous la réalité. L’artiste y peint le rêve américain comme une plage en plastique, magnifique et fausse. FML (Blunts n Gold) relance la tempête, mélange d’hédonisme et de désenchantement : le genre de morceau qu’on écoute à fond à 3h du matin, en jurant qu’on s’en fout alors qu’on meurt un peu.
Puis arrive StrawBerry Blues, plus tendre, presque sucré. L’angoisse s’y dissout dans une langueur douce, un spleen rose bonbon. On sent l’influence de Mac Miller, mais dans une version plus lo-fi, plus punk sentimental. KIDS! reprend les armes : un hymne à la survie, à la désinvolture tragique. “On est jeunes, on est paumés, mais au moins on brûle ensemble”, semble dire chaque note.
La dernière pièce, Without You, laisse un goût de sel sur la langue. C’est la gueule de bois de l’âme, le moment où la fête s’éteint et qu’on se retrouve seul avec ses fantômes.
BruceBan$hee recrée la bande-son d’une génération qui avance dans la nuit avec le feu dans les veines. Teenage Angst est une œuvre courte mais totale, un car crash émotionnel entre Nirvana et Lil Peep, entre l’envie de mourir et celle de vivre trop fort. C’est une morsure, une chute libre, un baiser sur le bitume.
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