Il y a dans Arm Wrestling Jesus cette urgence animale, cette jubilation brute qu’on retrouve rarement aujourd’hui, quand la musique ne cherche pas à plaire mais à vivre. Nashville Phil ne compose pas des chansons, il crache des éclats de vie. Son nouveau morceau est un fragment incandescent de rockabilly halluciné, à la croisée du punk et de la prière, un duel en sueur entre la chair et le sacré. Cent secondes seulement, mais un siècle condensé d’énergie, de désillusion et d’ironie céleste.
Tout commence dans un grondement. Une batterie qui claque comme un portail de grange, une contrebasse qui galope, une pedal steel qui brûle au soleil, et cette guitare télécaster – nerveuse, tranchante, comme si elle voulait ouvrir le ciel à coups d’accords. Phil entre en scène non pas pour chanter mais pour éructer, déclamer, trahir l’idée même de mesure. Il y a dans sa voix un éclat de rire qui a vu la mort, une sincérité qui ne cherche plus la beauté mais la vérité nue, même quand elle gratte, même quand elle pue le cambouis.
Le morceau parle d’un homme – ou peut-être de tous les hommes – qui ose défier Dieu. Pas pour le renier, non. Pour voir s’il est encore là, quelque part, dans le vacarme. Ce bras de fer avec le divin n’est pas une provocation, mais une danse. Une danse avec la foi, avec le doute, avec le ridicule même. Et c’est précisément là que réside la grandeur du titre : dans ce mélange improbable de rage, d’humour et de lucidité.
On sent l’ombre des Ramones, l’esprit d’Eddie Cochran, la poussière d’Oklahoma. Mais Phil n’imite personne. Il s’en fout des genres, des catégories, des algorithmes. Son rock, c’est celui des marges, des cabarets poisseux et des cœurs cabossés. Un rock d’après la fin du monde, où la seule vérité qu’il reste, c’est celle qu’on hurle les yeux fermés.
Et quand le morceau s’achève, abruptement, comme s’il s’était lui-même épuisé, il laisse un silence épais derrière lui. Un silence plein de rires, de doutes, de ciel et de poussière. Arm Wrestling Jesus n’est pas un single, c’est une morsure, un ex-voto électrique pour les vivants. Nashville Phil n’a pas besoin de couronne ni de royaume. Il a trouvé son salut dans le vacarme — et bordel, ça fait du bien.
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