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Quand la pop saigne avec élégance avec Estella Dawn sur « Drunk & Messy »

Quand la pop saigne avec élégance avec Estella Dawn sur « Drunk & Messy »
  • Publishedoctobre 21, 2025

Il y a dans Drunk & Messy une manière d’assumer la déchéance amoureuse comme une œuvre d’art. Estella Dawn, cette autodidacte néo-zélandaise exilée sous le soleil californien, y transforme le chaos intime en matière sonore, comme si le vacillement d’un cœur pouvait devenir un beat, une pulsation, un cri maîtrisé. Ce n’est pas une chanson sur l’amour : c’est une chanson sur ce qu’il reste quand l’amour déborde, quand il s’étale sur les draps et qu’on continue quand même de l’aimer pour ça.

Tout se joue dans la tension : entre la retenue et l’explosion, entre la pudeur d’une confession murmurée et la furie d’un refrain qui se fout du lendemain. Estella chante comme on se saoule — lentement d’abord, avant que la vérité ne remonte d’un seul coup. Sa voix a cette texture rare, à la fois veloutée et fêlée, qui donne l’impression qu’elle pourrait s’écrouler ou tout brûler à n’importe quel moment. Elle ne joue pas la pop-star, elle joue la femme qui regarde son reflet à 3h du matin, maquillage coulé, sourire intact.

Le morceau, lui, avance comme une ivresse lucide. Le beat, discret mais nerveux, pulse dans un espace moite et serré, tandis que les synthés scintillent comme des reflets de lumière sur des verres à moitié vides. On y sent l’épure d’une productrice qui sait exactement ce qu’elle fait : chaque détail est pensé, chaque silence pèse. Le refrain arrive tôt, sans prévenir, comme un trop-plein. Drunk & Messy est construit comme un souvenir qu’on n’arrive pas à effacer — les voix s’empilent, les harmonies se dédoublent, la mélodie semble tourner sur elle-même jusqu’à en devenir obsédante.

Et pourtant, rien n’est lourd. La douleur flotte, presque légère, traversée par une ironie tendre : Estella Dawn ne pleure pas, elle danse sur ses cendres. On entend dans sa manière d’écrire cette génération qui préfère rire du drame que s’y noyer, qui fait de sa honte un hymne et de sa solitude une esthétique.

Drunk & Messy, c’est un peu ça : le lendemain d’une nuit sans filtre, la lucidité qui arrive trop tard, la grâce dans le désordre. Estella Dawn ne cherche pas la perfection, elle cherche la vérité. Et elle la trouve — dans le vacarme doux de sa propre vulnérabilité.

Pour découvrir plus de nouveautés POP, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAPOP ci-dessous :

Written By
Extravafrench

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