x
Music Rock

Blackout Transmission dévoile « Twilight & Resonance » : le mirage du désert intérieur

Blackout Transmission dévoile « Twilight & Resonance » : le mirage du désert intérieur
  • Publishedoctobre 24, 2025

Depuis les hauteurs ocres du Nouveau-Mexique, Blackout Transmission trace une route que peu osent emprunter. Leur nouvel album Twilight & Resonance, sorti le 10 octobre 2025 sur le label Etxe Records, est une odyssée sensorielle : huit morceaux pour arpenter un paysage aride où chaque note semble sculptée par le vent et le silence. Le groupe, désormais loin de la frénésie urbaine de Los Angeles, s’offre un voyage au cœur du désert et de lui-même, entre post-punk atmosphérique et shoegaze halluciné. Ici, la guitare devient mirage, la basse une boussole, et la voix de Christopher Goett agit comme une prière murmurée au crépuscule. La lumière, la poussière, le doute — tout est matière sonore. Le disque entier flotte entre deux états : le rêve et la conscience.

La Tierra Drift

Le disque s’ouvre sur un souffle. Des guitares réverbérées se déploient comme une nappe de chaleur au-dessus du sable. Goett chante “urban murmurs and side-eyes” qui s’effacent derrière “southern bound birdsong”. L’image est belle : l’homme quitte la ville pour retrouver la terre. Tout est lent, hypnotique, et pourtant chargé d’une tension souterraine. On pense à Ocean Rain d’Echo & the Bunnymen, à ces paysages sonores où la mélancolie se dilue dans la lumière.

Ultra Azul

Le morceau le plus psychédélique du disque. Les guitares tournent, se fondent, se renversent dans des tourbillons de delay analogique. La voix se perd dans la réverbération, comme si elle sortait d’une cathédrale engloutie. À mi-parcours, la chanson s’effondre dans un bain de distorsion bleue — un écho marin dans un désert de poussière. C’est le cœur battant de l’album, celui qui fait chavirer le temps.

Ascension (Sangre Skies)

La tension monte. Ici, le groupe retrouve la nervosité post-punk de ses débuts : batterie droite, basse magnétique, guitares qui coupent comme des éclats de verre. Mais au lieu de la colère, c’est une forme d’élévation qui domine. “Rise above the tree-line” répète Goett — un mantra presque politique, un appel à s’extraire de la peur et de la division. La coda finale, lumineuse, évoque un lever de soleil sur les montagnes Sangre de Cristo.

Calantha Dawn

Une accalmie. Tout devient plus aérien, presque ambient. Le morceau se déploie sur des nappes de synthés diaphanes, des guitares en suspension et une batterie à peine perceptible. On y respire. Le titre évoque une floraison à l’aube, fragile et éphémère. Un instant suspendu avant la reprise du voyage.

When the Aspens Turn

L’un des sommets de Twilight & Resonance. La chanson se bâtit sur une mélodie circulaire de guitare, d’une beauté déchirante, traversée de reflets d’or. Tout y parle du changement, de la fin des saisons, de la vie qui continue malgré tout. La production, ample et organique, rappelle le Souvlaki de Slowdive — un espace infini où chaque son respire.

Las Estrellas en Alta

La face la plus mécanique du groupe. Boîtes à rythmes et guitares modulées s’entrelacent dans un mouvement perpétuel, presque krautrock. On pense à Neu! filtré à travers le rêve de Mazzy Star. Les percussions d’Ivey tracent une route hypnotique pendant que les synthés s’étirent vers l’horizon. C’est une chanson de nuit, constellée d’étoiles et d’ombres.

Beyond the Sight Lines (Nubes Oscuras)

Une traversée vers l’invisible. Le morceau flotte entre post-rock et ambient, chaque instrument semblant se dissoudre dans la distance. Les “nubes oscuras” — ces “nuages sombres” — deviennent métaphore : celles des pensées, du doute, du deuil. L’émotion y est brute, contenue dans des silences presque sacrés.

Kairos

Le final parfait. “Kairos”, mot grec pour désigner “le moment juste”, conclut le disque comme une épiphanie. Le rythme, lent et mécanique, évoque le battement d’une machine cosmique. Les guitares s’empilent, la voix double se fait spectrale, et tout finit par se fondre dans un écho infini — celui d’un monde où chaque résonance compte.


Twilight & Resonance est un disque de passage : entre le monde concret et le rêve, entre l’humain et le paysage. Blackout Transmission y fait le pari rare du silence et de la lenteur dans une époque saturée. Un album à écouter les yeux mi-clos, quelque part entre la terre et le ciel, quand le jour s’éteint et que tout devient bleu.

Un disque pour les errants, les contemplatifs, les insomniaques.
Un disque où chaque son est une trace de pas sur le sable chaud du crépuscule.

Pour découvrir plus de nouveautés ROCK, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAROCK ci-dessous :

Written By
Extravafrench

Laisser un commentaire

En savoir plus sur EXTRAVAFRENCH

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture