Chez Paul Schalda, tout semble venir d’un autre temps, mais rien n’y sonne nostalgique. Sa voix, râpeuse et lumineuse à la fois, convoque les fantômes du soul des années 70 tout en les glissant dans un costume moderne, bien taillé, un peu élimé sur les bords. « Can You See Yourself With Me » ne cherche pas à impressionner : il préfère caresser, doucement, avec la sincérité d’un homme qui a beaucoup aimé, beaucoup perdu, et qui continue pourtant d’y croire.
Le morceau s’ouvre comme une promesse. Quelques accords chauds, une batterie qui respire, des cuivres discrets mais pleins de tendresse. On imagine déjà la scène : fin d’après-midi à Dallas, lumière dorée sur les vitres, un air de Allen Toussaint dans les oreilles et ce petit sourire mélancolique qu’on n’explique pas. Schalda chante l’attente, l’espoir un peu timide, la vulnérabilité d’un homme qui demande « et toi, tu me vois aussi ? ». Sa voix — celle d’un type qui a vécu — fend le silence comme un rayon de soleil sur un vieux parquet.
Ce qui frappe, c’est la justesse émotionnelle. Rien d’appuyé, tout coule avec une fluidité désarmante : la soul et le folk s’y enlacent, la mélodie s’épanouit sans forcer. On retrouve l’ADN de Staten Island, ce goût du vrai, du rugueux, allié à la douceur texane qu’il a adoptée. Derrière la simplicité du refrain, il y a l’art de celui qui a compris que les grandes chansons tiennent souvent à une ligne, un souffle, une vérité murmurée.
« Can You See Yourself With Me » flotte comme un souvenir heureux qui refuse de s’éteindre. Une chanson d’amour, oui, mais sans fioritures, sans éclats de vitrine — juste la beauté nue d’un sentiment qu’on ose encore formuler. Schalda y livre un morceau de lui-même, brut, sincère, habité par cette humanité qu’on croyait disparue des radios.
Un slow pour les cœurs cabossés, les rêveurs lucides et les nostalgiques du vrai.
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