Il y a dans Purple quelque chose d’électriquement calme, une sérénité qui danse, une blessure qui groove. Lauren Henderson ne chante pas la douleur — elle la réinvente, la polit jusqu’à en faire un éclat. Ce morceau, fusion veloutée entre jazz, soul, funk et R&B, ne s’écoute pas seulement : il s’infuse. Chaque note semble respirer, lente, moelleuse, suspendue entre mélancolie et lumière.
Le morceau s’ouvre comme un lever de rideau sur une nuit déjà pleine : la basse de Dezron Douglas y trace un sillon profond, presque viscéral, pendant que les touches de Sullivan Fortner jaillissent comme des éclats de verre dans l’obscurité. Joe Dyson, à la batterie, maintient un groove discret mais félin, sculptant un espace où la voix de Henderson peut flotter, libre et souveraine. Et quelle voix. Veloutée, mais pas lisse. Elle ondule, s’éraille parfois, puis s’élève de nouveau, comme si elle refusait de céder à la gravité.
Purple n’est pas un simple morceau d’amour perdu. C’est une affirmation de soi, une déclaration d’indépendance émotionnelle — la couleur du pardon envers soi-même. Henderson transforme la fragilité en matière noble, la douleur en sensualité. Ce violet-là n’est ni royal ni mystique : il est humain, incarné, vibrant.
Ce qui fascine, c’est l’équilibre. Entre maîtrise et abandon, entre la rigueur du jazz et l’instinct du funk, entre la nostalgie et la célébration. Henderson chante comme on écrit une lettre qu’on n’enverra jamais, avec une honnêteté presque physique. Le texte — simple mais incisif — se glisse sur des harmonies mouvantes, des syncopes qui rappellent Erykah Badu, ou la lumière intérieure d’une Lianne La Havas en pleine transmutation.
Purple s’écoute comme on plonge dans un bain chaud après une longue bataille. C’est la cicatrice devenue ornement, la leçon apprise dans la sueur et la grâce. Lauren Henderson ne cherche pas à briller : elle rayonne de l’intérieur. Et dans ce violet profond, entre deux silences, elle nous rappelle que la liberté, parfois, a le timbre d’une voix de femme qui décide de ne plus se taire.
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