Il y a chez Phantom Wave quelque chose d’étrangement familier, comme un souvenir diffus d’un rêve qu’on aurait oublié au réveil. Avec Echoes Unknown, leur troisième album sorti chez Shore Dive Records, le trio new-yorkais — Ian Carpenter, Yanek Che et Rachel Fischer — signe un disque de brume et de lumière, de réverbérations infinies et de mélodies qui se dissolvent dans l’air comme de la poussière dorée. C’est du shoegaze, oui, mais pas celui de la nostalgie : plutôt celui de l’expansion, d’un son qui respire, se tord, se fissure pour mieux s’ouvrir à d’autres horizons.
Enregistré à The Building à Marlboro avec Ryan Dieringer et mixé par Elliott Frazier de Ringo Deathstarr, Echoes Unknown s’impose comme une relecture contemporaine du mur de son. On y entend des fantômes familiers — MBV, Slowdive, Ride — mais traversés par une sensibilité très actuelle, presque cinétique. La voix d’Ian Carpenter flotte à la surface du mix comme une silhouette à travers le brouillard, tandis que la basse de Yanek Che agit comme une ligne de gravité au milieu de la dérive. Rachel Fischer, elle, ne bat pas le rythme : elle sculpte le temps.
L’album s’ouvre sur Echos Unknown, pièce titre et véritable manifeste. Une onde de guitares saturées qui s’élève lentement, gonflée par une tension presque cosmique, avant de s’effondrer dans un halo de distorsion. Splashed enchaîne avec une urgence mélodique presque pop, comme si le groupe cherchait à percer la surface du rêve pour respirer un instant. Puis vient Hologrammer, un morceau d’une beauté abstraite, suspendu entre l’organique et le digital — une balade dans un monde fait de reflets et de souvenirs pixelisés.
Sur Woozy, les textures s’épaississent, les guitares ondulent comme une mer de verre. Breakaway explore la chute libre, la sensation de flotter entre deux dimensions sonores. Collider, lui, joue la collision des mondes : un mélange de pulsations électroniques et de riffs abrasifs, l’équilibre parfait entre chaos et clarté.
Et puis, il y a Wanton — ce morceau que Frazier voulait faire sonner “comme un camion de glace hanté”. Une image qui dit tout : la beauté glacée, la douceur malsaine, le vertige d’un son qui grince mais caresse. Viennent ensuite High Halcyon, rêve suspendu au-dessus d’une ville silencieuse, et Memory Swerver, où la nostalgie se dilate jusqu’à devenir presque physique. Enfin, Sirens ferme le disque sur une note d’éternité : une montée lente, presque céleste, avant la disparition dans le bruit blanc.
Echoes Unknown est une traversée hypnotique. Un paysage sonore mouvant, hanté par les échos d’un passé qu’on ne reconnaît plus. Phantom Wave ne fait pas que regarder ses chaussures : il regarde à travers elles, vers un ailleurs où le bruit devient beauté, et où chaque réverbération semble murmurer le nom d’un souvenir perdu.
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