Le morceau s’ouvre comme une cigarette rallumée à la tombée du jour — ce moment où tout ralentit, où le bruit du monde s’éteint pour laisser place à la voix intérieure. Big Dese ne rappe pas : il médite à voix haute. Just Passin’ By n’est pas une punchline de plus dans un océan de bravade, c’est une ride introspective sur les ruines encore tièdes d’un rêve américain fissuré.
Mike Martinez, fidèle compagnon de route, lui tisse un décor de poussière dorée. Le beat respire le bitume — un sample suspendu dans le vide, des percussions lourdes comme le pas d’un homme fatigué de comprendre trop vite. Tout semble flotter entre deux époques : l’âge d’or du boom-bap, où chaque mesure pesait son poids de vérité, et la mélancolie contemporaine d’un monde saturé d’écrans et d’échos. Martinez a ce don rare de fabriquer des paysages : chaque boucle devient un horizon, chaque silence une vérité implicite.
Le flow de Dese, lui, n’appartient plus à la jeunesse — il appartient à l’expérience. Il ne cherche pas à briller, il cherche à dire. Sa diction est celle d’un conteur qui a cessé d’espérer convaincre, mais pas de transmettre. Chaque vers suinte la lucidité, cette manière presque désabusée d’admettre que rien ne change, que les hommes répètent les mêmes erreurs, que la violence du quotidien s’est simplement faite plus feutrée. Pourtant, au cœur de cette résignation tranquille, il y a une beauté presque stoïque : la conscience claire de “juste passer par là”, sans illusions mais avec dignité.
Ce morceau, c’est le blues du rappeur adulte. Celui qui ne croit plus à la rédemption par le succès, mais à la survie par l’art. Dese, avec sa voix rocailleuse, parle pour tous ceux qui continuent d’écrire dans le noir, sans attente, juste pour ne pas se taire. Just Passin’ By devient alors un manifeste discret, presque spirituel, sur l’art de traverser sans renier.
Ce n’est pas une nostalgie du passé, mais un constat d’équilibre : le hip-hop n’est plus une promesse, il est un héritage — celui des hommes qui, même usés, gardent la flamme allumée au creux de la voix. Chez Big Dese, cette flamme brûle basse, lente, mais inextinguible.
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