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Patoranking sur No Jonze : le retour du roi de la rue, groove, foi et galala

Patoranking sur No Jonze : le retour du roi de la rue, groove, foi et galala
  • Publishedoctobre 24, 2025

Dans No Jonze, Patoranking rallume la braise de Lagos. Pas celle des clubs aseptisés ou des palaces vitrifiés, mais celle des rues poussiéreuses où le rythme est une religion et le corps, son premier instrument. Ce morceau, c’est un retour aux sources, une révérence à la galala, cette danse née dans les marges, à Ajegunle, avant de contaminer les radios et les trottoirs. Patoranking, fidèle à son instinct de conteur populaire, s’y réincarne en griot urbain, réconciliant la fureur du bitume et l’élégance d’un son global.

Dès la première pulsation, la rythmique explose comme un cœur impatient. Le beat, charnu et bondissant, s’appuie sur des percussions organiques, une basse reptilienne et des cuivres taillés dans la chaleur tropicale. Le flow de Patoranking n’est plus un simple chant : c’est un langage corporel. Sa voix, rugueuse et charismatique, ondule comme un drap humide sur une corde au soleil. Chaque intonation raconte la survie, le panache, la débrouille — tout ce que le mot « Jonze » refuse d’être. Car No Jonze, littéralement, c’est le refus du relâchement. C’est une injonction à ne pas flancher, à ne pas trahir sa trajectoire quand le monde s’effondre sous les lumières de la fête.

Le morceau, produit comme un étendard, réussit cette alchimie rare entre tradition et futurisme. Patoranking s’amuse à brouiller les frontières du dancehall, en injectant un ADN afrobeats toujours plus dense, toujours plus revendicatif. On retrouve cette manière unique de raconter la fierté — pas celle des vainqueurs, mais celle des survivants. Derrière l’énergie solaire, il y a une gravité discrète : celle d’un homme qui connaît la valeur du travail, du risque, du feu intérieur qu’il faut entretenir pour ne pas se perdre.

Mais No Jonze est aussi un manifeste esthétique. Là où beaucoup se contentent de recycler les codes du dancehall, Patoranking recompose la matière. Il y mêle la ferveur nigériane à la conscience jamaïcaine, la sueur du présent à la mémoire des pionniers. Dans le clip, filmé au cœur d’Ajegunle, on aperçoit Marvelous Benjy et Allen B — figures sacrées du galala — comme des fantômes bénins veillant sur la relève. Ce n’est pas une nostalgie, c’est une transmission : l’héritage s’incarne, il danse, il respire.

Avec No Jonze, Patoranking confirme qu’il est bien plus qu’un chanteur — un bâtisseur de ponts, un gardien de flamme. Son groove ne cherche pas à séduire, il cherche à rallier. Et dans cette injonction simple, presque proverbiale — « don’t jonze » — résonne toute la philosophie de sa musique : rester debout, même quand la fête s’arrête, continuer à danser, même quand le monde vacille.

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Written By
Extravafrench

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