Il y a dans Trap-A-Lot (DMV) quelque chose de viscéral, de brut, de terriblement ancré. Pas cette trap aseptisée qu’on aligne sur des playlists de gym, mais une matière vivante, granuleuse, où chaque 808 transpire le vécu, la rue, la fraternité. DeUce Double, alias Mr. 40. Watt, y convoque plus qu’un son : il exhume une géographie intime, celle du DMV (District of Columbia, Maryland, Virginia), territoire à la fois mythifié et marginalisé, où les beats servent autant de mémoire que d’arme.
Le morceau s’ouvre sur un beat massif, taillé dans l’ombre, avec cette respiration métallique qui évoque les parkings vides, les soirs humides où les phares glissent sur le bitume. Dès que la voix de DeUce entre, tout devient cinématique : la diction est précise, le ton, affirmé sans être arrogant. Il ne performe pas, il témoigne. On sent la maîtrise du vétéran, ce flow qui ne court pas après la mode, mais s’impose par sa droiture. K.B. arrive en écho, avec une énergie plus vive, plus nerveuse, comme une réminiscence d’enfance qui se faufile dans le présent. Le duo fonctionne à merveille, oscillant entre nostalgie et détermination, entre loyauté et survie.
Le titre est moins un banger qu’un manifeste : une lettre adressée à la ville, à ses codes, à ses fantômes. La production, signée DeUce lui-même, évite la saturation ; elle préfère les lignes nettes, les basses tendues, un tempo mid qui laisse respirer les mots. L’ensemble évoque une trap consciente, dénuée de vernis, où l’on entend encore l’humain derrière la machine.
Ce qui frappe surtout, c’est la sincérité du geste. Trap-A-Lot (DMV) n’est pas un exercice de style, mais une restitution — celle d’une amitié, d’un quartier, d’une époque. Quand DeUce raconte cette collaboration née d’une rencontre d’enfance, on comprend que tout, ici, parle d’héritage : la transmission, la persistance, la fidélité.
Dans un monde musical où la trap se digitalise jusqu’à l’oubli, DeUce Double et K.B. ramènent l’organique, la chair et l’âme. Ils rappellent que le hip-hop n’est pas qu’un décor sonore, mais un document vivant. Trap-A-Lot (DMV), c’est la mémoire du goudron qui parle — avec ses coups, ses rêves et ses cicatrices. Une leçon d’humilité et d’authenticité, gravée dans le tempo lent d’un beat qui refuse de s’éteindre.
Pour découvrir plus de nouveautés RAP, HIP-HOP, TRAP et DRILL n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVARAP ci-dessous :
