Bettina ne rappe pas, elle ricane. Kim Possible est moins une chanson qu’un statement : celui d’une génération de femmes qui n’attendent plus d’être validées pour se proclamer invincibles. Ici, la pop devient arme, la trap devient miroir, et l’héroïne Disney du titre se transforme en archétype d’empowerment post-ironie. L’idée ? Mélanger la culture cartoon et le cynisme urbain pour accoucher d’une figure nouvelle : la fille douce qui sait mordre.
Dès les premières secondes, le beat s’impose — sec, claquant, saturé comme une vitre après l’orage. Il y a cette texture typique du hip-hop britannique : un mélange de froideur et de groove, d’assurance et de menace. Bettina entre en scène avec un ton feutré, presque trop calme, comme si elle se moquait déjà de l’idée même de devoir hausser la voix pour être crainte. Son flow n’explose pas, il rampe — venimeux, précis, drapé d’un sarcasme délicieux.
Ce qui rend Kim Possible si captivant, c’est cette ambivalence entre glamour et danger. Bettina écrit comme on brandit un miroir : ses mots renvoient à la fois l’image des “girlies” qu’elle célèbre et celle de la société qui les consomme. Son univers est saturé de néons, de clubs et de vengeance élégante. Elle s’adresse aux femmes qui sortent maquillées comme des guerrières, aux garçons qui rient nerveusement sans comprendre la moitié des codes qu’elles manipulent.
Musicalement, la prod navigue entre dark pop et trap éthérée, avec cette sophistication propre aux artistes qui savent s’arrêter juste avant la caricature. On pense à Ashnikko, à Bree Runway, à Doja Cat dans ses moments les plus cruels — mais Bettina y ajoute une nonchalance presque britannique, une distance qui rend tout plus percutant. Elle joue avec la rime comme avec une lame : un coup de langue, un sourire, et le monde brûle.
Sous ses airs de morceau “workout”, Kim Possible cache une satire brillante du féminisme pop actuel. Bettina s’amuse des slogans d’empowerment, les tord, les rend personnels, viscéraux. Ce n’est pas un hymne : c’est une mise en garde. À chaque refrain, elle se transforme en superhéroïne pour mieux nous rappeler qu’elle n’en est pas une — juste une fille qui s’est fabriqué sa propre armure dans un monde qui la voulait docile.
Et quand le morceau s’éteint, on reste suspendu à ce silence, le sourire en coin, un peu comme après une victoire intime. Bettina ne sauve pas le monde — elle le ridiculise, lentement, en talons aiguilles.
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