On ne sait jamais très bien d’où vient la lumière dans un morceau de neo-soul. Chez Dylan Meek, elle ne tombe pas d’en haut — elle semble remonter du sol, comme une chaleur enfouie depuis trop longtemps. How Can I est une prière à voix basse, un hymne discret à la vulnérabilité, à ce moment où le cœur accepte enfin de dire « je ne sais pas ». Pas de fioritures ici : juste la vérité, livrée nue, en accords suspendus et respirations étirées.
Pianiste prodige devenu alchimiste du groove, Meek joue avec la grâce des vieux maîtres — D’Angelo, Roy Hargrove, Donny Hathaway — mais sans jamais tomber dans la citation. Il revisite la tradition pour la tordre à son image : celle d’un romantique moderne, sensible à la fracture du monde et aux battements du sien. Le piano, à la fois charnel et céleste, dialogue avec la basse comme deux âmes fatiguées qui finissent par se comprendre. La batterie, feutrée, respire. Rien ne presse. La soul n’est plus une démonstration de virtuosité : c’est un langage du corps, de la peau, du regard.
Dans How Can I, tout semble venir d’un lieu intime. Il ne s’agit pas d’aimer avec grandiloquence, mais d’apprendre à écouter, à se taire, à réparer. Chaque inflexion de la voix porte une nuance de tendresse, un tremblement presque imperceptible — la preuve que Meek chante comme on confesse : avec les mains qui tremblent, mais les yeux ouverts.
Là où beaucoup voudraient rugir, lui choisit le murmure. Et ce murmure, paradoxalement, prend toute la place. On sent la trace des nuits passées à refaire le monde sur un vieux Rhodes, des amours qu’on n’oublie pas mais qu’on transforme en mélodie. Le morceau respire le studio, le bois, la sueur, les heures sans fin où la musique devient plus vraie que la parole.
How Can I n’est pas une chanson de rupture, c’est une chanson de réconciliation : avec soi, avec l’autre, avec le temps. Une soul qui ne cherche pas à séduire, mais à apaiser. Et c’est sans doute pour ça qu’elle touche si fort — parce qu’au milieu du chaos, Dylan Meek nous rappelle que la douceur, parfois, est la seule forme de courage qui reste.
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