On dirait un rêve filmé à travers une vitre embuée. Counterfeit n’est pas un morceau qu’on écoute, c’est un souvenir qu’on effleure du doigt — un fantôme de mélodie qui refuse de disparaître. GoldCry signe ici une pièce d’alternative rock à la frontière du shoegaze et du songwriting intimiste, où la saturation devient une forme de tendresse et le silence, une déclaration d’amour à tout ce qu’on ne dit pas.
Le morceau s’ouvre comme une cicatrice qui s’illumine : guitares troubles, presque liquides, voix étouffée sous une brume de reverb, batterie lente qui bat au rythme d’un cœur fatigué. Tout ici respire le flou maîtrisé — cette esthétique du presque, du pas complètement net, où chaque accord semble se dissoudre avant d’atteindre sa pleine clarté. Et c’est précisément dans ce refus de la netteté que GoldCry trouve sa vérité.
Le titre, Counterfeit, évoque la peur du faux, du simulacre, de la façade. Et la musique elle-même devient une métaphore : un orage feutré, contenu, où les émotions se débattent derrière un voile de distorsion. On pense parfois à Slowdive ou à Nothing, mais GoldCry a quelque chose de plus brut, de plus nerveux sous la surface — une urgence qui ne se dit pas mais s’entend dans la texture du son, dans la manière dont la voix se noie volontairement dans ses propres harmonies.
Il y a ce moment, presque imperceptible, où la mélodie semble se briser, comme un miroir trop poli qui éclate sous la lumière. C’est là que tout bascule : la chanson cesse d’être une confession pour devenir une délivrance. Une transe à bas bruit, une tempête intérieure rendue docile par la beauté du son.
GoldCry ne joue pas la nostalgie — il joue la lucidité. Ce qu’il met en scène ici, c’est la fatigue des émotions sincères dans un monde saturé de copies. Counterfeit n’est pas une chanson triste, c’est une chanson vraie. Elle suinte la mélancolie moderne, celle des visages flous dans les reflets du métro, des amours qui s’effacent avant même d’avoir commencé, des vérités qu’on maquille pour qu’elles fassent joli à l’écran.
Et quand le morceau s’éteint, on reste là, suspendu, avec cette impression d’avoir entendu quelqu’un se délester d’un poids sans dire un mot. GoldCry signe ici une œuvre fragile, dense, presque viscérale — un cri à peine audible, mais qui continue longtemps de résonner dans le creux du ventre.
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