Il y a chez OLAN une façon rare de parler sans mots, de faire vibrer le silence jusqu’à ce qu’il devienne vérité. Passing ne se contente pas d’être un morceau : c’est un souffle, une respiration tenue entre deux mondes — celui des vivants, et celui des souvenirs qui refusent de mourir. Écouter OLAN, c’est entrer dans une chambre où l’air semble plus dense, où la tristesse danse au ralenti, presque belle dans son inachèvement.
La productrice américaine, quelque part entre Björk et Jlin, entre les nappes diaphanes d’une Mira Calix et la transe retenue d’une FKA Twigs, signe ici une méditation électronique sur le passage — au sens le plus brut et spirituel du terme. Le morceau se déploie lentement, comme une prière digitale, une onde en expansion. On sent que chaque son est posé avec une intention fragile, presque rituelle : le battement régulier des basses évoque le cœur qui s’accroche, les textures synthétiques s’élèvent comme des vapeurs d’encens, et la voix, fantomatique, s’infiltre entre les brèches.
Ce qui bouleverse dans Passing, ce n’est pas la mélodie — c’est le vide qu’elle sculpte. OLAN ne cherche pas la catharsis ; elle documente la lente digestion du chagrin. Il y a dans son écriture sonore un geste quasi mystique, une volonté d’explorer le deuil non pas comme une fin, mais comme une forme d’ouverture. Chaque fréquence semble chargée d’un souvenir, chaque vibration une tentative d’atteindre le divin par le biais de la machine.
Son approche évoque une sorte de “liturgie électronique” : un mélange de douceur analogique et de tension cosmique, où les oscillations deviennent des prières codées. On pourrait presque imaginer que Passing a été enregistré dans un temple vide, entre deux battements du monde. Loin de la virtuosité spectaculaire, OLAN offre un minimalisme incandescent, une épure qui dit tout ce que les mots trahiraient.
Il reste, après l’écoute, une étrange sensation de suspension — comme si l’on sortait d’une transe douce, encore enveloppé d’une brume lumineuse. Dans cette liminalité, OLAN confirme ce qu’elle est depuis ses débuts : une architecte du sensible, une tisseuse de sons qui relient le terrestre à l’éthéré. Passing n’est pas un adieu. C’est un passage. Une promesse que la douleur peut, elle aussi, devenir musique.
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