C’est une claque de sincérité et de rugosité. Un retour à l’essence même du rock’n’roll — ce moment où la musique ne cherche pas à séduire, mais à vivre. Somebody’s Always Doin’ Something 2 Somebody de DownTown Mystic a ce parfum d’authenticité qui flotte entre deux époques : celle des vinyles usés par le temps et celle des machines impeccablement huilées. Un pont jeté entre la mémoire et le présent.
Le titre, déjà, sonne comme une maxime gravée sur une guitare de bar : il y a toujours quelqu’un qui fait quelque chose à quelqu’un d’autre. C’est du Springsteen sous amphétamines, du Petty dopé à la colère douce. La voix de Robert Allen a cette patine des types qui ont tout vu — les nuits sans sommeil, les routes poussiéreuses, les promesses de gloire et les lendemains amers. Elle n’essaie pas d’impressionner : elle raconte. Et derrière elle, la guitare grogne, vibre, griffe.
Les riffs se répondent, portés par une section rythmique d’une élégance brute : Steve Holley et Paul Page y posent un groove si organique qu’on pourrait croire à une prise live, quelque part dans un studio enfumé de New York. Et puis il y a Jeff Levine, clavier magicien passé chez Hall & Oates et Joe Cocker, qui fait couler son Moog et son orgue comme du miel brûlant entre les cordes.
Mais ce qui fascine dans ce morceau, c’est cette alchimie entre classicisme et insoumission. DownTown Mystic ne pastiche pas le rock des seventies — il le réactive, l’étire, le polit, sans jamais en trahir l’âme. Le son est ample, presque cinématographique, et pourtant chaque note garde la rugosité d’un club de route, quelque part sur une « Mystic Highway » imaginaire.
Ce single est aussi un manifeste, une déclaration de fidélité à une époque où la musique servait à quelque chose — à résister, à exister. La production, léchée sans être froide, dégage une chaleur quasi analogique. On sent la main d’artisans, de musiciens qui jouent encore « pour de vrai », qui croient encore que trois accords peuvent changer la nuit.
Et derrière cette énergie électrique, il y a une ironie douce : le titre nous rappelle qu’au fond, le monde tourne toujours sur les mêmes mécaniques — le désir, la trahison, la revanche. Mais DownTown Mystic en fait une célébration plutôt qu’une plainte. « Somebody’s Always Doin’ Something 2 Somebody » groove comme une vérité universelle : imparfaite, humaine, et foutrement vivante.
Sur ce morceau, le groupe réussit un petit miracle : faire du neuf avec l’éternel, du mordant avec du vintage, de la rage avec de la tendresse. Ce n’est pas un simple retour du rock, c’est son battement de cœur — celui qui, malgré les décennies et les algorithmes, continue de pulser au fond de nos poitrines.
Un disque à écouter fort, fenêtre ouverte, direction l’inconnu. Parce que tant qu’il y aura des guitares qui crient, quelqu’un, quelque part, fera toujours quelque chose à quelqu’un d’autre.
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