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Music Rock

Elderly White Man nous livre la colère calme d’un monde à bout de souffle sur « Someday »

Elderly White Man nous livre la colère calme d’un monde à bout de souffle sur « Someday »
  • Publishedoctobre 31, 2025

C’est une chanson qui commence comme un compte à rebours. Someday, ouverture du premier album d’Elderly White Man, résonne comme une fissure dans le béton, une lueur tremblante au milieu des ruines. Pas d’espoir naïf, pas de slogan creux — juste cette phrase qui flotte entre résignation et défi, comme un murmure obstiné : un jour. Le morceau semble respirer le dernier air libre d’une démocratie à l’agonie, tout en cherchant dans sa propre ruine un reste de beauté, une vérité qui ne s’efface pas.

Le duo anglo-américain, exilé volontaire au Portugal, signe ici un manifeste sonore d’une précision chirurgicale. Someday s’avance sur des pas lourds, presque militaires : une batterie sèche, des basses grondantes, un riff de guitare qui refuse le confort de la mélodie. Tout semble verrouillé, contrôlé, asphyxié. Et puis, peu à peu, la voix s’élève, fatiguée mais lucide, comme un témoin revenu des ruines. Elle parle moins d’avenir que de survie. Elle chante avec cette retenue qui dit tout, ce ton de ceux qui ont vu le monde basculer sans jamais tout à fait perdre foi en l’humain.

Ce qui fascine dans Someday, c’est sa tension constante entre la rage et la clarté. La production — dense, métallique, presque industrielle — rappelle Nine Inch Nails ou les heures sombres de Depeche Mode, mais l’écriture garde une pudeur typiquement britannique, une élégance du désastre. Elderly White Man ne hurle pas : il observe, il décrit, il sculpte le malaise dans la pierre froide du son. C’est une chanson qui refuse la catharsis, préférant la précision du scalpel à l’explosion du cri.

Mais dans cette rigueur, une émotion affleure. Someday ne se contente pas de dénoncer, il espère — à sa manière. Pas en rêvant de lendemains qui chantent, mais en rappelant que même dans l’effondrement, il reste des gestes de lumière. Un regard, une mémoire, une note tenue plus longtemps qu’elle ne devrait. C’est là, dans ces interstices, que réside sa beauté : une résistance discrète, presque spirituelle.

Le morceau s’achève comme il a commencé, sur une tension suspendue. Rien n’est résolu, rien n’est sauvé. Mais quelque chose persiste — une pulsation, une humanité têtue. Dans ce monde où les empires tombent en silence, Someday agit comme un rappel : le jour viendra peut-être, oui, mais seulement si quelqu’un continue de chanter dans le noir.

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Written By
Extravafrench

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