Ce n’est pas un morceau qui cherche à briller. Control My Pride avance tête basse, le regard tourné vers l’intérieur, comme un homme qui s’interroge plus qu’il ne s’affirme. Jacob Chacko signe ici une chanson d’introspection, un souffle de lucidité dans un monde saturé d’égo et de faux miroirs. Il ne s’agit pas de se juger, mais de se corriger, de comprendre cette ligne fine entre confiance et vanité — celle qu’on franchit sans même s’en rendre compte.
Dès les premières secondes, le morceau se déploie comme une conversation entre soi et soi. La guitare électrique, feutrée mais nerveuse, pulse avec cette mélancolie contenue propre au rock mélodique. Les percussions, nettes et organiques, gardent la tension au plus juste, tandis que quelques textures électroniques viennent effleurer la composition comme des pensées parasites — celles qu’on chasse d’un revers de main pour continuer à avancer. Il y a là une dualité assumée, une fusion subtile entre l’humain et la machine, entre la rigueur et le lâcher-prise.
La voix de Chacko, elle, porte le morceau comme une confession. Elle n’explose jamais, mais elle gronde doucement, emplie de sincérité et d’humilité. On sent l’homme derrière le micro, celui qui doute mais continue, celui qui cherche le bon mot pour apaiser ses contradictions. Le refrain agit comme un mantra discret, une main posée sur l’épaule : contrôle ton orgueil, reviens sur terre, apprends à écouter.
Ce titre, à première écoute modeste, révèle toute sa richesse à mesure qu’on s’y enfonce. L’arrangement est précis sans être figé — on sent le travail d’un artisan plus que celui d’un ingénieur. Thomas Monaco à la co-production vocale, Talya Gelfand aux chœurs, Les Lovell à la console : tous contribuent à construire cette matière sonore à la fois limpide et dense, à l’image du propos.
Control My Pride n’est pas qu’une chanson sur la sagesse, c’est un exercice d’équilibre entre le cœur et la raison. Chacko ne cherche pas à prêcher, il se questionne avec élégance, et c’est précisément ce doute qui le rend touchant. Dans une époque où le narcissisme s’exhibe en 4K, il ose la retenue, la transparence, la nuance.
C’est peut-être ça, la vraie modernité du rock indépendant aujourd’hui : non pas hurler plus fort que les autres, mais savoir se taire au bon moment, pour mieux laisser la musique parler. Et dans le silence entre deux refrains, Jacob Chacko semble nous rappeler que la grandeur ne se mesure pas à la hauteur du son, mais à la profondeur de la sincérité.
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