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On craque pour Platonick Dive sur « Take a Deep Breath (Deluxe Edition) »

On craque pour Platonick Dive sur « Take a Deep Breath (Deluxe Edition) »
  • Publishedoctobre 31, 2025

Écouter Take a Deep Breath (Deluxe Edition), c’est comme plonger sous l’eau juste avant le lever du jour : tout s’étire, tout tremble, tout respire à une vitesse différente. Chez Platonick Dive, le son n’est pas un paysage mais une matière vivante — mouvante, sensuelle, presque mystique. On croit entendre la mémoire du vent sur une côte italienne, l’écho d’un chœur lointain filtré à travers des guitares noyées dans la réverbération. Et au cœur de cette tempête douce, un battement — celui d’une humanité qui cherche encore l’apaisement dans le tumulte.

Intro agit comme un souffle retenu, une ouverture aérienne qui prépare le corps à l’immersion. Puis Carpet Ceiling déploie sa texture d’ondes brumeuses et de percussions granuleuses : un rêve suspendu entre l’apesanteur du shoegaze et la précision quasi médicale de l’électronica. La guitare semble flotter dans l’air, la batterie se désintègre dans une caresse de delays — c’est du Mogwai qui aurait appris à danser, du M83 qui aurait préféré le silence à la lumière.

Mais c’est avec Faro que l’album prend toute son ampleur. Un phare dans le brouillard, littéralement : chaque accord scintille comme un signal lumineux au milieu d’un océan de synthés. On y sent une nostalgie de l’infini, un lyrisme sans paroles, quelque chose d’à la fois blessé et pur.

Anesthetic Analgesic vient ensuite poser une tension plus organique, presque viscérale. Les textures y sont abrasives, traversées de chocs électriques, comme si le morceau se débattait entre le calme et la tempête. Naked Valley adoucit ce vertige : mélodie plus fluide, rythmiques en suspension, impression de chaleur après le chaos. On y sent l’Italie — non celle des cartes postales, mais celle du désordre poétique, des villes endormies au bord de la mer, des lumières qui vacillent sur les murs.

Le sommet émotionnel du disque se cache peut-être dans Too Beautiful To Die Too Wild To Live. Ce titre, à lui seul, résume toute la philosophie du groupe : beauté et sauvagerie comme deux forces contraires qui ne cessent de s’attirer. Le morceau s’étire en apnée, crescendo spectral, guitare éthérée, rythmique quasi cardiaque. C’est du post-rock au bord du vertige, une transe élégante où chaque note semble tomber au ralenti.

Puis vient la série de remixes — Faro revisité par Brave Arrows, Tribeca par Sun Glitters, Anesthetic Analgesic par Tabù — et là, le disque se transforme. Les frontières s’effacent : l’introspection devient danse, le rêve devient transe. Ces versions décomposent les morceaux pour en révéler l’ADN émotionnel, comme si Platonick Dive se laissait disséquer avec grâce par d’autres rêveurs.

Mais c’est dans les prises live que l’album atteint son point d’incandescence. Falls Road ou Struggles & Feelings, joués devant un public, vibrent d’une intensité presque spirituelle. L’électricité, la sueur, le souffle collectif : tout ce que le studio retenait explose enfin.

Avec Take a Deep Breath (Deluxe Edition), Platonick Dive signe une œuvre totale, à la fois charnelle et contemplative. Une odyssée sonore où chaque fréquence semble raconter une métamorphose intime. C’est une musique qui ne cherche pas à remplir l’espace, mais à suspendre le temps.

On ressort de l’écoute avec la sensation étrange d’avoir rêvé éveillé — comme après une longue nuit passée à contempler les étoiles, à respirer plus lentement, à se souvenir que la beauté, parfois, n’a besoin d’aucun mot pour exister.

Pour découvrir plus de nouveautés du moment, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVANOW ci-dessous :

Written By
Extravafrench

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