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Music Pop

Ulrich Jannert a l’art de marcher sans destination sur « Wander Still »

Ulrich Jannert a l’art de marcher sans destination sur « Wander Still »
  • Publishedoctobre 31, 2025

Certains disques ressemblent à des paysages que l’on ne parcourt qu’en silence. Wander Still d’Ulrich Jannert fait partie de ceux-là — un album qui respire, qui attend, qui s’ouvre lentement comme une route après la pluie. C’est une œuvre sans urgence, traversée de doutes paisibles, d’élans intérieurs, de lumières d’automne. On y sent la sagesse d’un homme qui ne cherche plus à convaincre, mais à exister dans la justesse.

Jannert ne compose pas des chansons : il tisse des directions. Dans I’ve Walked Through Fire, le souffle rauque des guitares raconte une traversée plus qu’une douleur — celle des corps qui brûlent pour se régénérer. C’est le genre de morceau qu’on n’écrit qu’après avoir connu la fatigue du monde. Puis vient Wander Still, titre central, mantra discret : il y a dans sa lenteur un apaisement presque mystique, comme si la folk se réconciliait avec la soul après des années d’éloignement.

Not Too Late for You prend le ton d’une confession adressée à l’humanité entière. Ce n’est pas une chanson d’amour, c’est un serment de douceur. On y entend cette confiance fragile qu’ont les gens lucides : celle de savoir qu’il est encore temps de recommencer. À l’inverse, Step Into the Light est un uppercut lumineux. C’est la montée en puissance du disque, son souffle chaud et contagieux. Les choeurs y fonctionnent comme une levée de soleil collective, un moment de bascule.

Mais ce qui fascine le plus, c’est la capacité de Jannert à faire dialoguer les contraires. A Fake You Won’t Make You Free gronde de lucidité, tandis que True to You murmure la liberté intérieure. L’un mord, l’autre soigne. Et dans Coming Home to Me, cette dualité se fond en une tendresse désarmante : on y sent l’épuisement et la gratitude, le retour et la renaissance.

Puis, soudain, Butterfly Soul. Le cœur du disque. La transformation. Les arrangements s’élèvent comme un vent d’été sur un champ scandinave. On entend littéralement le battement des ailes, la métamorphose — cette lente ascension vers la clarté. La musique y atteint une forme d’évidence rare : ni grandiloquence ni artifice, juste l’instant exact où la vie se remet à circuler.

Le reste n’est plus qu’un écho — un long souffle de gratitude. Nomad Heart, Two Sides of the Same Coin, Mind Over Matter… des fragments de route, des réflexions murmurées au vent. Et quand arrive Shape Your Galaxy, on comprend tout : Ulrich Jannert n’écrit pas pour séduire. Il écrit pour respirer. Pour se recentrer. Pour créer un espace où l’on se sent, quelques minutes, à sa juste place dans l’univers.

Il y a dans Wander Still cette vérité rare : l’art comme une marche lente vers soi. Pas de posture, pas de cynisme. Juste la musique d’un homme qui apprend à écouter ce qu’il est devenu. Et c’est peut-être cela, le vrai courage artistique — ne plus chercher la direction, mais le mouvement.

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Written By
Extravafrench

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